Planter des arbres, et après ?

Pour créer des îlots de fraîcheur en ville, restaurer la trame verte ou dans le cadre de la compensation carbone, des dizaines de milliers d’arbres sont plantés dans la Vienne. Un pari sur l’avenir à plusieurs branches.

Claire Brugier

Le7.info

Des arbres plantés le long de la D169 à Jaunay-Marigny mi-janvier, une haie fruitière à Chasseneuil-du-Poitou le 
1er février… Chaque semaine, dans la Vienne, on plante. A lui seul, le Département envisage de mettre en terre plus de 
29 000 plants en 2023, le Plan Canopée en prévoit 35 000 rien qu’à Poitiers, l’Office national des forêts (ONF) 93 000 à l’horizon 2024 sur les secteurs de Grand Poitiers et Grand Châtellerault. A ce rythme-là, la Vienne va devenir l’un des départements les plus boisés de France ! Ou pas. Encore faut-il que toutes ces initiatives prennent racine.

« Planter c’est une chose, que les arbres survivent et se développent en est une autre », tempère Fabienne Benest. La directrice-adjointe du Centre régional de la propriété forestière reste mesurée face à ces plantations à tout-va, notamment « la mode des micro-forêts ». « Techniquement, les arbres sont plantés très serrés. Il faut donc s’attendre à une forte mortalité. Or en raison des tempêtes, de la sècheresse, des scolytes et autres, on manque de plants dans les forêts, il y a des tensions d’approvisionnement. Ce n’est donc pas le moment de gaspiller. » Ni de se créer du travail inutile, en ville surtout. « Pour cela, il faut planter la bonne essence au bon endroit, avoir une idée de l’arborescence adulte pour ne pas avoir à tailler l’arbre, ou encore déconnecter des secteurs de voirie de la collecte des eaux de pluie », note Yvonnick Guinard, directeur Nature-Biodiversité à Grand Poitiers.

Sensibilisation

Que dire de la compensation carbone ? « C’est une bonne idée à condition que cela se fasse dans la durée, avec des contrôles tous les cinq ans », glisse Fabienne Benest. Sur la Technopole du Futuroscope, l’hôtel Alteora a souhaité en 2019 « financer un projet local avec des essences qui correspondent aux besoins du territoire (ndlr, 4ha à Senillé-Saint-Sauveur), mais aussi associer les collaborateurs, les emmener sur place », explique Mickaël Couturier, directeur administratif et financier. Pour sensibiliser par le geste. « La plantation d’arbres a aussi une vocation pédagogique, assure David Buffault, président de Semeurs de forêt. Cela permet de recréer un lien émotionnel et de faire prendre conscience du temps que la vie met à s’installer. » Pour assurer l’avenir, l’association, propriétaire d’une parcelle à Jaunay-Marigny (Le 7 n° 540), achète, à défaut de trouver à louer des terrains sous ORE. Encore méconnue, l’Obligation réelle environnementale permet juridiquement de mettre une protection environnementale sur un bien. « Sur chaque parcelle, nous plantons une trentaine d’essences pour recréer un écosystème. Certaines vont sans doute péricliter avec le réchauffement climatique mais on laisse la libre évolution. » La démarche de l’Office national des forêts est similaire, à partir de pins maritimes, chênes sessiles, cèdres de l’Atlas... « On teste de nouvelles provenances, plus méridionales, avec l’idée que les essences s’hybrident entre elles pour obtenir à terme une mixité génétique », explique Antoine Bled, directeur pour l’ex-Poitou-Charentes. Actuellement, le taux de boisement sur ce territoire est de 17%, contre 31% en moyenne en France.

A noter, ClimEssences, un outil d’aide à la décision pour choisir des essences dans le contexte de changement climatique : climessences.fr.

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