A Poitiers, les tablettes à l’école interpellent

L’arrivée de tablettes numériques à l’école des Minimes, à Poitiers, a provoqué une levée de boucliers. Si la Ville et le rectorat défendent un usage limité et raisonné en classe, des parents d’élèves craignent qu’on ne légitime le recours aux écrans.

Steve Henot

Le7.info

Plusieurs mois après la polémique, l’incompréhension persiste. La livraison de tablettes numériques pour les 3-5 ans de l’école maternelle des Minimes, à Poitiers, avait provoqué fin novembre une vive réaction de parents d’élèves. Dans une pétition adressée à la Ville -qui finance ces outils-, ils ont demandé « de protéger nos enfants du numérique, au lieu de les y exposer dès le plus jeune âge, et ce alors que toutes les études scientifiques montrent la dangerosité des écrans pour les enfants et pour leur développement cognitif ». Sur le plateau de l’émission Dimanche en politique, sur France 3, 
Léonore Moncond’huy s’est à nouveau défendue de tout 
« déploiement massif » de ces matériels dans les classes de maternelle. On en compte un peu moins de 100 pour 2 500 élèves. La maire a rappelé que l’équipement en tablettes est 
« une recommandation de l’Education nationale » et « est demandée par les enseignants ». 
Faux, assurent les parents d’élèves. « Les professeurs des Minimes sont en total accord avec nous, indiquent Séverine Denieul et Juliette Guignard. Les tablettes ne sont pas utilisées. » 


Sur un temps modéré 
et une activité

Surtout, le collectif craint qu’en proposant les écrans dès la maternelle, « on légitime leur consommation à la maison auprès de parents qui n’auraient pas les codes ». Exagéré estime Fabrice Barthélémy. Pour le directeur académique des services de l’Education nationale de la Vienne, « il ne faut pas diaboliser » les tablettes. « Elles doivent être utilisées sur un temps modéré et sur une activité précise, les enseignants en sont conscients. » Présidente de l’Association des enseignants des écoles maternelles publiques de la Vienne (Ageem 86), Stéphanie Barrau confirme que ces ateliers numériques ne durent que 
10 à 15 minutes et que, « dans 90% des cas, les enfants ne sont pas livrés à eux-mêmes ». 
Et elle y voit des avantages. « L’enfant est en interaction dans son apprentissage. Pour des élèves de ce niveau, les applications permettent d’automatiser une procédure, de faire de la répétition. C’est une autre façon de s’entraîner. » Sans compter une évaluation rapide, immédiate.


Le 2 mars, une entrevue des parents d’élèves avec les responsables du comité de pilotage qui réunit les acteurs de l’Education nationale et la mairie autour de la question des équipements dans les écoles, a tourné court. « On a été pris de haut, méprisés, confient Séverine Denieul et Juliette Guignard. Tout ce que l’on demande, c’est un dialogue. On peut s’étonner que ce comité existe depuis 2012 sans jamais associer les parents aux réflexions. » Et les deux mamans de s’étonner des recommandations issues d’un rapport du Conseil supérieur des programmes, invitant les enseignants à « ne pas exposer les enfants aux écrans et d’une manière générale à l’environnement numérique avant l’âge de 6 ans ». « Ça vient de l’Education nationale, c’est schizophrénique ! »

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