Alain Pré a fait de sa passion un écrin. Dans son petit musée de Fontaine-le-Comte, les vélos anciens racontent des décennies d’histoire. Collectionneur passionné mais aussi réparateur, le retraité consacre une partie de son temps à bichonner ses machines.

Pierre Bujeau

Le7.info

C’est le dilemme de tout bon collectionneur : trouver de la place. Et Alain Pré n’y échappe pas. Propriétaire d’une quarantaine de vélos, il a dû faire preuve d’ingéniosité pour exposer ses protégés. « J’en ai dans le garage, mais aussi dans deux cabanons du jardin », 
sourit le retraité qui effectue 
15 000km par an. Dès les premiers pas dans ce musée improvisé, un animal saute à la rétine : l’iconique félin Peugeot. Logos, plaques émaillées, outils détournés, poivrières. « J’ai travaillé au garage Peugeot durant trente ans et les week-ends je restaurais de vieilles voitures, 
explique l’ancien mécanicien âgé de 65 ans. Après de gros problèmes de dos, je me suis mis au vélo… et à les collectionner. » Aujourd’hui, la marque sochalienne domine sa collection, qui compte plus d’une vingtaine de cycles et plusieurs pièces rares, dont son Graal. 


Hasard et lustre

L’histoire a tout du hasard heureux. Un jour, en marchant vers l’abbaye de Fontaine-le-Comte, Alain discute avec un riverain devant chez lui. « Je lui parle de ma passion et il m’emmène dans une vieille grange où était suspendu un vélo poussiéreux. » Quelques mots, une négociation rapide… et la pièce est à lui. Un bijou de la « La Française Diamant » de 1903, doté de roues en bois, sans freins ni dérailleur, le freinage se fait en pédalant en arrière. Parmi ses autres trésors, un Peugeot Alpine Express, élu vélo de l’année en 1987, et un Mountain Bike Peugeot de 1982, considéré comme le premier VTT français.


Mais ne lui parlez pas d’argent ! Alain roule à la passion. En une quinzaine d’années, il a apprivoisé l’histoire de la petite reine dans toutes ses dimensions. Alors, quand un voisin lui confie une vieille monture fatiguée, il la remet en selle sans rien demander en échange. Il en offre même régulièrement à des associations. Une générosité dont certains profitent… « Des gens se bousculaient pour récupérer les vélos que je donnais. Ensuite, ils les démontaient pour vendre les pièces sur Internet », regrette-t-il. Le Web, selon lui, a profondément dénaturé l’esprit de partage qui animait autrefois les amateurs de vélos anciens, attirant désormais des esprits animés par l’argent. Quand le Fontenois évoque ses trouvailles, sa voix change, se teinte d’une émotion contenue. Dérailleurs suicide, freins tampons, vélos Regor de Poitiers ou cycles Sutters de Châtellerault… Derrière chaque bicyclette, chaque roulement, il voit un témoin du passé. « C’est une partie du patrimoine que je sauvegarde. »

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