Ils sont une poignée, ceux qui partent, au cœur de la foule qui débarque du bateau sur Ellis Island, porte d’entrée de l’Amérique du XXe siècle. Un jour et une nuit à Ellis Island en 1910, le temps pour les migrants juste débarqués de passer les contrôles, d’être acceptés ou rejetés.
Pendant ce temps, plusieurs destins se croisent. Esther, l’arménienne stigmatisée par le massacre des siens ; Gabon le gitan, qui fuit avec son clan la persécution en Europe ; Emilia et son père Donato, Italiens aisés qui ont choisi l’exil pour survivre au deuil ; Andrew le photographe, Américain de la seconde génération à la recherche de ses racines ; Hazel la prostituée, résignée à changer le sens de son existence…
Jeanne Benameur orchestre cette ronde nocturne où chacun tente de trouver la forme de son propre exil et d’inventer dans son corps les fondations de son pays intime. L’arrachement se fait libération. Ce roman s’enrobe d’une langue magnifique qui sculpte dans la nuit les contours souples et mouvants de l’âme, des désirs et des craintes, des souvenirs et des audaces nouvelles. Un beau regard porté sur l’autre dont la différence renforce l’humanité.
Ceux qui partent est un vibrant hommage à ceux qui s’exilent pour vivre pleinement, quitte à tout perdre pour mieux se retrouver. Ce roman d’une beauté indéniable est aussi d’une actualité brûlante, consacrant les valeurs essentielles de la considération et du respect de l’autre.
Ceux qui partent - Jeanne Benameur - 336 pages - Actes Sud 21€. Sortie en août 2019.
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