Le secteur des services à la personne à bout de bras

La crise sanitaire a mis ces derniers mois en lumière les besoins en main-d’œuvre dans le secteur des services à la personne. Dans la Vienne, les acteurs multiplient les gestes pour lutter contre le manque d’attractivité observé sur ces métiers.

Steve Henot

Le7.info

Vieillir à domicile n’a jamais été un sujet aussi brûlant dans notre société. A fortiori depuis le scandale des mauvais traitements dans les Ehpad privés gérés par Orpea. « Le sujet est devenu plus important après la crise. Les besoins sont plus conséquents qu’avant, observe Alicia Landivar, responsable de l’agence O2 à Poitiers. Aujourd’hui, on propose des contrats de 35 heures pour une auxiliaire de vie, ce qui n’était jamais arrivé avant. »


Mais si la demande est en augmentation constante ces dernières années, les métiers des services à la personne ont toujours autant de peine à recruter. A la Fédération ADMR de la Vienne, 150 CDI sont à pourvoir « en permanence », surtout des postes d’auxiliaire de vie et d’aide-soignante. « Les difficultés sont d’autant plus amplifiées que l’on a beaucoup d’absentéisme lié au Covid depuis le début de l’année, deux fois plus à période identique qu’en 2021 », 
confie Rachel Roy, directrice générale de la Fédération ADMR de la Vienne. Au sein de l’agence O2 (60 collaborateurs extérieurs), on se refuse à se dire 
« en tension », mais « on en est à orienter certaines demandes vers d’autres structures concurrentes », faute de personnels. En cause, un manque d’attractivité qui colle à la peau du secteur. 
« Des métiers qui requièrent des diplômes, mais sans les salaires qui vont avec », déplore Alicia Landivar. 


Le secteur associatif revalorisé

Face à ce constat, les responsables d’associations et d’entreprises du secteur s’adaptent, dans l’espoir d’attirer de nouveaux collaborateurs. « On a transformé nos offres d’emploi en dissociant certaines tâches, explique Rachel Roy, directrice générale de la Fédération ADMR de la Vienne. Des personnes ne veulent par exemple pas faire de toilettes. Avant, on s’empêchait de recruter ce type de profils. » Du côté de O2, on a mis en place un planning sectorisé, faisant intervenir les collaborateurs dans un rayon réduit de 10km autour de chez eux « pour éviter la fatigue ».


Mais la question salariale reste un enjeu central. Les lignes commencent à bouger : depuis le 1er octobre, les aides à domicile qui travaillent dans le secteur associatif, mais aussi les employés de l’aide d’accompagnement à domicile (SAAD) ou des services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) peuvent prétendre à une augmentation de salaire de 13 à 15%, pouvant atteindre 300€ bruts par mois. Une hausse qui bénéficie à 
210 000 salariés, selon le gouvernement. « Le Ségur de la santé a créé un appel d’air, estime Rachel Roy. Cela porte ses fruits sur la fidélisation de nos salariés, c’est pour eux une vraie reconnaissance de la progression professionnelle. Il y aura moins de turn-over. » Attention toutefois : les employés des entreprises privées ne sont pas concernés par cette hausse salariale. « Il a pourtant fallu qu’on s’aligne, souffle Alicia Landivar. Mais cela s’est fait au détriment de certaines choses, comme la revalorisation du barème kilométrique. Nos structures ont elles aussi besoin des aides de l’Etat. »

DR - ADMR

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