Sylvain Maynier, 32 ans. Capitaine du Poitiers Basket 86 jusqu’au 21 mai dernier. Signe particulier : quitte les parquets en pleine force de l’âge. Et devient dans la foulée ambassadeur de son club de coeur. Introspection.
Aux larmes citoyens, le soldat Maynier a tiré sa révérence. L’autre soir à Saint-Eloi, dans la moiteur d’une salle déjà chiffonnée par la défaite face à Cholet, ce grand échalas de cent quatre-vingtdix-huit centimètres a fendu l’armure. Séquence émotion et pleurs en cascade. Dur, dur de quitter le navire lorsqu’on tient la barre depuis cinq saisons. Sur le terrain s’entend. Mais ça y est, la page est tournée. Quatre mois que l’ancien joueur de Vichy, Saint-Etienne et Nanterre murissait sa décision. “Pourtant, je suis en pleine bourre physiquement…” Alors, quoi ? Alors, le capitaine du PB 86 a aujourd’hui le sentiment que “sa mission devait s’arrêter là”. “Je fonctionne beaucoup par projets, je suis revenu à Poitiers alors que nous étions en Nationale 1. Nous sommes aujourd’hui en Pro A avec des bases solides. Voilà…” Au fond de lui, ce “fils de fonctionnaires” devenu professionnel par accident -“je n’étais pas programmé !”- aurait voulu poursuivre ne serait-ce qu’une saison de plus. Mais une discussion d’homme à homme avec Ruddy Nelhomme l’a convaincu que son statut de remplaçant de luxe n’évoluerait pas la saison prochaine. “Comme je suis un compétiteur, j’ai préféré dire stop”, coupe-t-il.
Adieu strass et paillettes
À 32 ans, le voilà bercé dans la réalité quotidienne de monsieur et madame tout le monde. Une petite mort ? “Non, une deuxième naissance !” Adieu tout de même strass, paillettes et couvertures de journaux. Le flonflon du auto-boulot-dodo, en somme, l’anonymat en sus. Car à 3 000 euros en moyenne par mois sur une carrière, impossible de se reposer sur ses lauriers. Ça tombe bien, “El Diablo” aime les défis. Flanqué de son master en management du sport obtenu à l’Université de… Poitiers, mister Maynier s’apprête à endosser le costume d’ambassadeur du Poitiers Basket 86. En coulisses, son rôle consistera à “développer le partenariat privé” du club. Même si les contours exacts de son poste restent à définir, lui a déjà sa petite idée sur la question. “J’aimerais que les partenaires soient des supporters encore plus privilégiés, qu’ils vivent les choses de l’intérieur…”
Le club des cinq
Même s’il donne le change, Sylvain Maynier cache mal son “appréhension” à l’idée de quitter son job et ses collègues de toujours. Notamment le quatuor Gomez-Costentin-Guillard-Devéhat. Avec lui, ils formaient le “fab five”. Un club des cinq inséparable depuis tant d’années. “Ensemble, on a vécu des choses que je ne pourrai jamais oublier. Des hauts, des bas… On est tous les cinq très différents, mais ce qui s’est passé entre nous restera indélébile”, raconte-t-il avec une pointe de nostalgie. Le gaillard ressentira forcément un pincement au coeur dans le creux du mois d’août. Ne comptez pas sur lui pour assister à la reprise de l’entraînement. Vacances oblige, peut-être aura-t-il pris le large avec femme et enfants. En attendant, Sylvain va devoir expliquer à Alice, 6 ans et demi, et Axel, 3 ans, les vertus de cette deuxième naissance qu’il appelle de ses voeux. “Ma fille m’a avoué l’autre jour qu’elle aimait bien que son père soit perçu comme une star dans la cour de l’école. J’ai trouvé cela touchant…” Bientôt, Alice aura sûrement d’autres raisons de s’extasier des prouesses de son papa. Fût-ce dans l’ombre, son job d’ambassadeur devrait permettre au PB 86 de résister à l’outrage du temps et de lutter contre les évidences. Aux armes citoyens, le soldat Maynier a pris du galon…