Le centre en résistance

Selon les conclusions d’une enquête menée par la CCI, Poitiers aurait renforcé son attractivité au cours des quatre dernières années. Malgré la crise économique et les travaux de Coeur d’Agglo. Etonnant !

Nicolas Boursier

Le7.info

« Oui, c’est vrai que je ne m’attendais pas à de tels résultats. » El Mustapha Belgsir a le sourire. Le rapport qu’il tient entre les mains est un formidable plaidoyer pour l’action municipale. Selon cet « état des lieux du commerce en centre-ville », la capitale de Poitou-Charentes aurait en effet dopé son attractivité entre l’avant et l’après-travaux Coeur d’Agglo. Incroyable, non ? Fruit d’une collaboration entre la Mairie et la Chambre de Commerce et d’Industrie, l’étude s’est attachée à comparer la fréquentation piétonne, le chiffre d’affaires du stationnement et l’activité commerciale de dix villes de l’Hexagone, de localisation géographique ou strate de population proches de celles de Poitiers : Niort, La Rochelle, Tours, Angers, Le Mans Limoges, Mulhouse, Dunkerque, Nîmes. Et devinez ce que disent les chiffres ? Eh bien qu’entre 2008 et 2012, la ville aux cent clochers a progressé dans tous les secteurs. « Même si le ratio entre immatriculations et radiations n’est toujours pas positif, il traduit une très nette amélioration, jubile le vice-président de Grand Poitiers. Nous étions, en 2008, à un indice de 0,40, loin derrière des cités comme La Rochelle (1,15) ou Le Mans (1,13). Nous voilà à 0,93. Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais ces données sont prometteuses. Elles sont en tout cas la preuve que les travaux de Coeur d’Agglo n’ont pas été aussi néfastes que ce que l’on pouvait entendre ici et là. »

De toutes les villes ciblées, Poitiers serait d’ailleurs la seule à connaître une courbe positive dans les trois secteurs du commerce étudiés : détail, services personnels et restauration. « Une autre évidence s’impose, c’est que les évolutions les plus marquantes sont à mettre au crédit de villes qui ont entrepris, comme Poitiers, de rénover leur hypercentre. C’est le cas de Mulhouse, Angers ou Le Mans. »
Toujours selon l’enquête, la fréquentation des rues références du centre (Carnot, Magenta, Marne, Gambetta, Grandes- Ecoles, Cordeliers, Regratterie et Marché) aurait connu, entre 2006 et 2012, une croissance de 12% le jeudi et 31% le samedi, le stationnement une augmentation de «CA» de 80 000€ sur les deux dernières années.

Des baux trop élevés

De ces conclusions, on en retiendra une autre : rien n’est malheureusement dit sur l’activité réelle des commerces et les éventuelles pertes de chiffre d‘affaires induites par le « dérangement » de Coeur d’Agglo. Sur la situation générale du coeur de cité, El Mustapha Belgsir ne veut pas se voiler la face. « Cette enquête nous conforte dans notre choix de redynamiser le centre-ville, mais la situation économique reste très précaire. Certains commerces ont beaucoup souffert, je pense notamment au secteur Magenta-Carnot, en direction de Blossac. De l’autre côté, rue des Cordeliers, des baux n’ont pas été renouvelés. Notre priorité est donc de réduire au maximum les friches commerciales. »

Pour cela, deux solutions sont envisagées. La première pourrait faire l’objet, dans les mois à venir, d’un grand workshop, au cours duquel la municipalité effectuerait une visite guidée de la ville à des représentants de grandes enseignes encore absentes du décor local. « Il faut les courtiser pour diversifier l’offre. » Le deuxième remède est entre les mains des propriétaires de locaux commerciaux. « Les prix sont trop élevés et inadaptés à la situation économique, persiste M. Belgsir. 50 000€ de bail pour un 60m2, c’est énorme, surtout pour un indépendant. » Le message est passé. Le plus difficile sera sans doute de le faire entendre.

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