Alice (Les Ogres) : "On a toujours plaisir à se retrouver"

Pour fêter leurs vingt ans de carrière, Les Ogres de Barback entament une tournée de soixante-dix dates qui passera, le 10 avril, par la Blaiserie, à Poitiers. A cette occasion, Alice Burguière, membre de la fratrie, raconte les relations qu’elle entretient avec ses trois frères et sœurs multi-instrumentistes.

Romain Mudrak

Le7.info

Alice, après vingt ans de spectacles, êtes-vous toujours heureuse de faire ce métier ?
« Rien n’a changé. A chaque tournée, on est tous super contents de reprendre la route. D’ailleurs, on ne la laisse jamais bien loin. Les Ogres ont toujours la même énergie. »

Votre nouvel album, sorti le 26 mars, s’intitule « Vous m’emmerdez ! ». Un peu radical, non ?
« D’abord, c’est le titre d’un morceau de l’album, qui détaille deux-trois petites choses qui nous embêtent dans la vie. Il est en ouverture de chaque concert depuis un an. Le public nous en a beaucoup parlé. Sur cet album, figurent plusieurs morceaux qu’on avait déjà dans les doigts. Ensuite, on a estimé que c’était un titre rigolo, provocateur et qui correspond bien au disque et à notre état d’esprit depuis vingt ans. »

Votre dernière tournée s’appelait « La Fabrique à chansons ». Alors, dites-nous, comment fabriquez-vous vos chansons ?


De l’extérieur, le public a l’impression que vous habitez tous ensemble dans un « joyeux bordel », pour reprendre le titre de la troisième partie de votre tournée. Les Ogres dévorent-ils votre vie privée ?
« C’est l’impression que ça donne, oui ! D’autant qu’en tournée, nous vivons tous dans un bus. Mais le reste du temps, nous habitons à plus de 500km les uns des autres. Fred est à Cergy, Sam vers Narbonne, Mathilde est en Ardèche et moi à Lyon. Chacun a sa vie de famille, mais on a toujours plaisir à se retrouver pour travailler. Côté projet musical, Les Ogres fédèrent tout. Mais chacun se permet des moments à lui. Dernièrement, Sam et une chanteuse qu’il connaît bien ont interprété le répertoire de Barbara. Les filles ont fait des bébés. Généralement, les pauses sont quand même assez rares chez les Ogres. »

Pourquoi avoir créé votre propre label ?
« Ça nous rassurait. On était très jeunes et on ne voulait pas signer n’importe quoi chez n’importe qui. En plus, on n’avait pas des envies grandioses de vendre des milliers d’albums. On était très bien dans notre petite camionnette pour aller jouer dans les bars de nos copains. Quand le groupe a rassemblé plus de monde, l’organisation s’est faite naturellement. »

Vous avez une capacité énorme à vous renouveler. Des émotions aux styles musicaux, en passant par des collaborations de fous et des instruments improbables… Tout cela est-il prémédité ou cela dépend-t-il des rencontres du moment ?


Pourquoi eux ?
« On a croisé la fanfare Eyo’nlé plusieurs fois en France dans des festivals. Ils ont joué chez un copain qui organise des concerts dans son camping. Comme on aime bien les idées un peu farfelues, on les a invités. Mais ils sont quand même huit ! On ne savait pas exactement où on allait. Ce spectacle est un vrai mélange de cultures avec beaucoup de passages africains. »

Le public se souvient encore de votre tournée sous le chapiteau Latcho Drom. Avez-vous prévu une installation particulière pour cette tournée des vingt ans ?
« Pour les premiers spectacles de printemps, les douze musiciens adoptent des costumes et un jeu de placements, mais le gros des décors est prévu pour l’automne. Concernant le chapiteau, d’autres associations ont pris le relais. Pour nous, c’est terminé. »

Y a-t-il des sujets qui vous font enrager en ce moment ?
« Les résultats des Municipales nous filent particulièrement les boules. L’abstention, la montée du Front national, c’est n’importe quoi. Les gens se replient sur eux-mêmes. En tout cas, c’est ce que je ressens. Dans nos chansons, on tente de montrer que l’autre n’est pas un danger, qu’il faut mélanger les cultures. On lutte contre cette ambiance délétère. » 

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