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Les Fatals Picards ont plus de quatorze ans… Qu’est-ce qui explique cette longévité ?
« Dans le monde de la musique, ça s’apparente à un exploit ! Je pense que notre groupe n’a pas cessé d’évoluer. On propose un album tous les deux ans. On a su se renouveler, tant dans les sujets abordés que musicalement. Je pense que le bouche-à-oreille a également contribué à nous faire connaître. On a rencontré un succès populaire qui n’est pas forcément celui des médias. Sur scène, où on a fêté notre millième concert, notre réputation est faite. Une relation forte avec notre public s’est instaurée. »
Vos textes sont humoristiques, mais aussi très engagés politiquement…
« Oui, c’est vrai. Mais on s’est calmés. La gauche, la droite, est-ce que ça veut encore dire quelque chose aujourd’hui ? On suit l’actualité politique avec intérêt, mais aussi avec du recul. On ne réagit pas dans l’immédiat… »
Sur quels sujets seriez-vous susceptibles d'écrire de nouvelles chansons ?
« En ce moment, je travaille sur le devoir de mémoire. Ça me tient vraiment à cœur. On doit tenir compte des grands moments de notre histoire, mais aussi des moins glorieux. Il y a la résistance, mais aussi la collaboration, il y a eu l'indépendance de l'Algérie, mais aussi la torture… On a un pays qui est dual et c'est important qu'on le souligne. Ça nous permettrait d'avancer. »
Comment réussissez-vous à parler de sujets graves tout en restant légers ?
« Le credo des Fatals Picards, c’est le décalage et l’humour. C’est une manière de repenser le monde. Mais cet humour n’est pas toujours potache… Sur notre dernier album, il y a une chanson qui se nomme « Gros con ». Elle parle des femmes battues et c’est loin d’être drôle. Si on se réfère aux derniers chiffres, l’alcool reste une constante chez les personnes violentes. Mais je suis bien conscient qu’il existe plusieurs formes de domination masculine, pour reprendre les mots de Bourdieu. »
Statistiques, Bourdieu… Faut-il être sociologue pour écrire un texte des Fatals Picards ?
« J’ai une formation d’historien et je discute beaucoup avec les sociologues. Je pense qu’une chanson engagée doit être inattaquable sur le plan des références. Quand on parle d’un sujet, il faut le maîtriser, même lorsqu’il s’agit d’une chanson.»
Regrettez-vous de ne pas être diffusés sur les ondes ou invités sur les plateaux télé ?
« Non. Parfois, entre ce que les gens écoutent et ce qui est diffusé à la radio, c'est le grand écart ! J'adore Wax Tailor et pourtant, il ne passe pas sur les ondes. Mais nous sommes involontairement responsables de cette situation : on fait de l'humour et du rock. Autant se tirer une balle dans le pied ! »
Pour finir, quel est le programme de la soirée au Confort Moderne ?
« Les Poitevins méritent le meilleur… Donc, ils auront Stromae plutôt que les Fatals Picards ! Non, c’est une blague. On va jouer un florilège de nos quatre derniers albums. On proposera en gros vingt-quatre morceaux. C’est promis, les gens vont pouvoir bouger. Mais je me souviens très bien du Confort Moderne. Si la climatisation n’a pas été réparée depuis la dernière fois, la salle va vite se transformer en sauna ! Quelqu’un peut m’expliquer pourquoi ce lieu se nomme le « Confort » moderne ? (rires) »
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