Car-TER, toute une affaire

En janvier, la Région ALPC a saisi les autorités pour empêcher la société Flixbus de commercialiser le tronçon Poitiers-Niort. La collectivité dénonce une concurrence déloyale des « cars Macron » vis-à-vis de ses TER.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Vendredi, 12h15, sur le parking du Futuroscope. Le car Flixbus en provenance de Paris vient tout juste d’arriver. Hubert, qui se rend dans le Sud, profite de la courte halte pour fumer une cigarette. « C’est vraiment pratique, ça change du train, explique-t-il. Il y a le wi-fi à bord, les sièges sont confortables et, surtout, c’est bien moins cher. » Pour son trajet Paris-Biarritz, le Francilien a dépensé 25€, quand le voyage en TGV lui en aurait coûté 64.

Depuis la libéralisation du transport en autocar, permis par la loi Macron, les lignes low-cost se sont multipliées. Isilines, Starshipper, Ouibus, Flixbus... Les trajets proposés par les nouvelles compagnies font un véritable carton, grâce à leurs prix imbattables. Au point que la Région s’inquiète de l’avenir de ses TER. Le 11 janvier dernier, le Conseil régional Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes a ainsi saisi l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer), comme la loi le lui permet, pour empêcher la commercialisation de quatre nouvelles lignes de moins de 100km, dont la liaison Poitiers-Niort (par Flixbus). « Ces lignes sont en concurrence directe avec les TER, explique à nos confrères de 20 Minutes Renaud Lagrave, vice-président de la Région en charge des Transports. Or, la SNCF nous signale qu’elle risque d’être en déficit du fait de cette concurrence sur ces lignes. Faudra-t-il que l’argent public éponge les pertes ? »

De son côté, le transporteur Flixbus assure « ne pas vouloir entrer en concurrence, mais proposer une offre complémentaire ». Au client de décider, en somme. Selon nos informations, le prix du trajet proposé par la société allemande serait compris entre 5 et 10€, entre Poitiers et Niort.

La Région ne dévoile aucun chiffre

« Il est évident que le marché des travailleurs du quotidien nous intéresse », concède la direction. Avant de s’étonner de l’absence de chiffres de fréquentation du TER dans le dossier transmis par la Région à l’Arafer. « On ne peut pas vérifier l’analyse économique avancée, le dossier a été caviardé. » La collectivité cacherait-elle des chiffres peu flatteurs ? « La SNCF comme la Région ne communiquent aucune de leurs données de fréquentation, sous le prétexte du secret commercial », regrette de son côté Christian Boucaret, président régional de la Fédération nationale des associations d’usagers de transports (Fnaut).

Malgré nos nombreuses sollicitations, la collectivité ne nous a dévoilé aucune donnée, jugeant le sujet « hyper sensible ». Impossible de savoir donc, à l’heure actuelle, l’état de santé de la ligne TER Poitiers-Niort. L’Arafer, qui dispose des données de fréquentation, a jusqu’à la mi-mars pour se prononcer mais, d’après nos sources, l’autorité rendra sa décision sous dix jours. En cas d’interdiction de commercialiser le tronçon, Flixbus « réfléchirait à un nouveau tracé », sur lequel les points de départ et d’arrivée seraient espacés de plus de cent kilomètres...

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