Chorale digitale

Soixante-dix-sept élèves poitevins seront sur la scène de l’Espace Mendès-France, ce jeudi, pour donner une représentation de « Chorale Digitale ». Ce spectacle étonnant érige le smartphone au rang d’instrument de musique.

Florie Doublet

Le7.info

Pour une fois qu’ils ont le droit d’utiliser leur portable en cours, les enfants de l’école Paul Bert et du collège Jardin des Plantes ne vont pas se priver… Soixante-dix-sept élèves (CM2 et 6e) participent à un projet pédagogique et artistique pour le moins original : une chorale digitale. Depuis le mois de novembre, ils répètent avec l’artiste Claire Bergerault en vue d’une représentation qui aura lieu, ce jeudi, à l’Espace Mendès-France(*).

Qu’on ne se méprenne pas, il ne s’agit pas d’un spectacle au cours duquel les écoliers entonnent d’une voix mal assurée des chansons de Georges Brassens ou de Jacques Brel. Cette fois, ils composent leur propre musique. Comment ? En utilisant un instrument qui se trouve au fond de leur poche : un smartphone. « Ils ont téléchargé l’application « SmartFaust », qui permet de produire une douzaine de sons différents, explique Sylvia Besnault, professeure d’« éducation musicale et chant choral » au collège du Jardin des Plantes. Ils résonnent de manière aléatoire, en fonction du mouvement de l’appareil. »

Illustration avec Tiago, Philippine et Mathea, 11 ans tous les trois, qui secouent leur téléphone dans tous les sens pour créer des sons variés. Ils accompagnent ces bruitages de notes vocales tantôt aiguës, tantôt graves. Parfois, ils laissent s’échapper un mot ou une onomatopée : « lol », « XPTDR », « hashtag »…

Musique expérimentale

Le résultat est pour le moins surprenant. « Nous sommes dans le domaine de l’exploration artistique, de l’improvisation, explique Claire Bergerault, à la fois chanteuse, accordéoniste et chef d’orchestre. C‘est un paysage musical composé de très peu de mélodies, mais plutôt d’une multitude de sons qui se complètent. » Cette musique expérimentale pourrait se rapprocher de celle de Steve Reich -rappelez-vous de « City Life »- ou de Terry Riley et Philip Glass, fondateurs des écoles minimalistes et répétitives.

Les élèves, davantage habitués à répondre à des consignes écrites, se montrent un peu déstabilisés par cette liberté de création. « C’est rigolo, on joue du téléphone comme d’un vrai instrument », s’amuse Philippine. Tiago, lui, est moins emballé. « C’est trop étrange. J’ai déjà fait de la chorale et je préfère chanter des chansons. » Les goûts en matière d’art contemporain, ça ne se discute pas…

(*) Le projet porté par le Lieu Multiple s’inscrit dans le cadre du Parcours d’éducation artistique et culturelle, soutenu par la Ville de Poitiers et la Drac Nouvelle-Aquitaine.
Jeudi, à 18h30, « Digitale chorale » à l’Espace Mendès-France. Renseignements sur emf.fr.

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