TER et TGV, l’année charnière

Avec l’avènement de la LGV Tours-Bordeaux, 85% des horaires des Trains express régionaux changeront à partir du 2 juillet. Au-delà du gain de temps, la Région et les usagers espèrent une amélioration sensible sur le front de la ponctualité.

Arnault Varanne

Le7.info

Cette fois, on sait. La semaine dernière, la SNCF a rendu publics les horaires (d’été) de L’Océane, ainsi que la grille tarifaire. Pour faire simple, un billet pro en 2de classe entre Paris et Poitiers vous coûtera 4€ de plus qu’aujourd’hui. L'augmentation moyenne s'élève à 2€ sur ce trajet. En revanche, sur un Paris-Bordeaux, le même billet en catégorie loisir coûtera 15€ supplémentaires aux voyageurs. Cette hausse était attendue puisque les temps de parcours -1h28 en moyenne entre Poitiers et Paris- sont considérablement réduits. 

Par ricochet, 85% des sillons des Trains express régionaux seront refondus en Nouvelle-Aquitaine, à partir du 2 juillet. Autrement dit, « les horaires correspondront à la nouvelle desserte TGV, avec la volonté d’optimiser les correspondances et de faire gagner du temps aux clients », dixit la SNCF. Après un exercice 2016 catastrophique, au cours duquel la régularité des TER a « baissé de 2,5% et le nombre de clients de 10% sur le premier semestre », Philippe Bru fait de 2017 « l’année de la reconquête ». La promesse du directeur de SNCF Mobilités Nouvelle-Aquitaine sera scrutée à la loupe, notamment chez les élus régionaux. « Nous consentons un gros effort, en ajoutant pas mal de rames et de kilomètres-trains, admet Renaud Lagrave, vice-président aux Transports de la Nouvelle-Aquitaine. Alors, on espère vraiment que la qualité de services et de dessertes sera à la hauteur ! Car quand des trains sont annulés ou accumulent les retards (*), comme c’était le cas en 2016, les usagers finissent par reprendre leur voiture. Ce qui s’est passé est honteux. »

L’exemple Poitiers-Futuroscope

Dans une région de 5,6 millions d’habitants, l’offre  TER ne séduit aujourd’hui « que » 52 000 usagers réguliers, dont 15 000 dans l’ex-Poitou-Charentes. Une sorte d’anomalie. L’exemple de la ligne entre Poitiers et le Futuroscope, lancée en décembre 2014, est flagrant. Les rames circulent presque à vide. Les quelque 7 000 clients potentiels n’ont, semble-t-il, pas changé leurs habitudes. Histoire de séduire davantage de clients, la Région lancera, fin avril-début mai, une vaste campagne de communication. Flyers, présence d’hôtesses dans les gares, envoi d’un courrier à tous les proviseurs des lycées, SMS aux abonnés… La collectivité se donne les moyens de ses ambitions, sachant que les nouveaux tarifs des TER seront votés en séance plénière, le 10 avril. Pour mémoire, la Nouvelle-Aquitaine investit plus de 250M€ par an. D’où son empressement à élargir le cercle des adeptes du « train de proximité ». 

Maintenant, l’exercice de haute couture réalisée en lien avec la SNCF -dix-neuf comités de ligne ont travaillé au printemps 2016- ne réussira que si l’état du réseau s’améliore. Poitiers-Limoges, Saintes-Royan, Angoulême-Bordeaux, Saintes-La Rochelle… SNCF Réseau prévoit d’investir « plusieurs centaines de millions d'euros » dans l’amélioration des voies. Ce qui signifie à coup sûr des ralentissements sur tous ces axes et des temps de trajets allongés. La (très) grande vitesse est parfois à géométrie variable. 

(*) Seulement 87,2% de trains à l’heure ou avec un retard de moins de cinq minutes. C’est deux points de moins qu’en 2015.


 

Sur les rails ?
A la fin mai 2015, la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) s’était fait l’écho d’une pétition lancée par l’UFC-Que-Choisir, intitulée « Payons en fonction de la qualité ». Une appli mobile « Anti-retards » était même née de ce mouvement national de protestation. Deux ans plus tard, le paysage n’a pas beaucoup évolué. Et 2016 a même tourné à l’annus horribilis pour les usagers du Train express régional. Hélas, tant que le réseau ferroviaire accusera le poids des années, tant que la SNCF sera aussi lourdement endettée, point de miracle à attendre à l’horizon. Alors, certes, l’opérateur annonce des investissements massifs sur les sillons de la nouvelle grande région. Mais il faudra du temps pour que le train de proximité regagne ses lettres de noblesse auprès des usagers. Dans un rapport de force dont lui seul a le secret, le président de Région Alain Rousset met la pression sur la SNCF, en brandissant le spectre de la concurrence. Las… Les trains d’autres opérateurs rouleront sur les mêmes rails et leur niveau de performance ne sera pas plus élevé. Espérons que l’arrivée de la LGV soit un accélérateur du changement.

À lire aussi ...