D'un claquement de doigts

Glenn Biyogho est hypnotiseur. Un claquement de doigt et hop, vous tombez dans les vapes ! Ce don, découvert fortuitement, n’est toutefois qu’une partie de la personnalité peu commune de ce jeune Châtelleraudais de 17 ans.

Claire Brugier

Le7.info

Glenn Biyogho est né en Tunisie, a grandi entre la Guinée paternelle et le Gabon maternelle, passé ces dernières années entre Scorbé-Clairvaux et le lycée Marcelin-Berthelot de Châtellerault et intégré à la rentrée une double licence droit-philosophie à l’université de Poitiers. A 17 ans, le jeune homme a déjà un curriculum vitae peu ordinaire. Mais ce n’est pas tout. Il est aussi le président-fondateur de la toute jeune Association châtelleraudaise de magie, officiellement créée en février 2020 et composée de jeunes talents.

« Petit, j’aimais le côté magique de la manipulation de cartes, justifie-t-il simplement. Je me souviens, je regardais Kamel le magicien sur Télétoon. Il faisait des tours et expliquait comment les reproduire. Je devais avoir 6-7 ans. Et puis vers 8-9 ans s’est produit un phénomène bizarre… » Glenn marque un silence, ménage le suspense. « A l’époque j’étais un peu… » Il écarte les bras. « Un peu rond et mes amis, quand on jouait, couraient tous plus vite que moi. Un jour, j’en ai regardé un droit dans les yeux et, en claquant des doigts, je lui ai dit : toi, tu dors. Et il est tombé. » Le jeune garçon s’est longtemps amusé du phénomène. « Je n’en ai pas parlé à ma famille alors, car je ne comprenais pas, avoue-t-il. Et puis j’étais destiné à devenir prêtre. Je me voyais mal expliquer au petit séminaire que je faisais tomber les gens en claquant des doigtsMais auprès de mes amis cela imposait le respect… Et ils ralentissaient ! »

Philosophie de vie

Hormis sa grand-mère maternelle, capable de voir en rêve la mort des gens par anticipation, Glenn ne se connaît aucun aïeul avec qui partager son don, resté confidentiel jusqu’à « la semaine de l’expression » organisée par son lycée. Pour la première fois, d’autres ont mis un mot, « hypnose », sur ses « claquements de doigt » ; lui a découvert Messmer. « La Maison des lycéens m’a aidé à financer une formation à Nantes, pendant plusieurs mois. Aujourd’hui je suis hypnotiseur professionnel. J’ai pu approfondir les techniques ; il y a des précautions à prendre, une éthique. Et j’ai aussi appris à rattraper les gens ! », complète-t-il avec humour. A travers ses études, il a aussi découvert Freud, « le père de l’hypnose », son maître à penser toutes catégories. « Depuis le petit séminaire et les cours de philosophie et théologie, j’ai une relation avec la philosophie, c’est une manière d’emmener la réflexion. Elle m’aide au quotidien. La religion ? Disons que j’aime la critiquer au lieu d’y croire. »

Aujourd’hui Glenn se voit bien « devenir magistrat, ou secrétaire général de l’ONU ! », sourit-il avant de lâcher finalement être séduit par le métier d’avocat pénaliste. « Je suis né dans une culture où les enfants, comme les femmes, n’ont pas la parole. J’ai beaucoup tenu tête à mes parents. » En grandissant, dans plusieurs concours de plaidoirie comme Eloquentia ou celui des lycéens (Mémorial de Caen), il a souvent plaidé la cause « des enfants africains qui n’ont pas eu l’opportunité d’évoluer comme [lui] ». Il a également chroniqué à la radio, au Gabon sur Radio Maria dans la province de Weleu-Ntem, et s’apprête à renouveler l’expérience sur RCF « pour une chronique judiciaire et animer un débat philosophique et politique ». Evidemment. « Mon véritable talent, ce n’est ni la magie ni l’hypnose, c’est de faire valoir les droits des gens, assène-t-il. Si je me tais, j’aurai raté ma mission. Je suis né pour parler. »

 

Nuit de l’illusion clairvaloise, le 30 octobre, 19h30, salle polyvalente de Scorbé-Clairvaux. Plus d’infos sur Facebook Association Chatelleraudaise de Magie.

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