L’Accorderie entre en service(s)

Les premiers échanges ont débuté à L’Accorderie de Poitiers. Ici, la priorité est donnée aux relations humaines et les services sont « facturés » en monnaie-temps
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Claire Brugier

Le7.info

Zoé Arnault est « animatrice de lien social », « médiatrice »,
« facilitatrice »… Qu’importe le titre. Zoé est avant tout là « pour faire en sorte que l’Accorderie fonctionne grâce aux accordeurs ». La salariée de la structure installée au cœur de Bel-Air, à Poitiers, le résume simplement : « Je suis un point de départ ».

Après deux ans de construction du projet (Le 7 n°464), les premiers échanges ont enfin débuté autour de l’ancienne boucherie de quartier, en déshérence depuis huit ans. « C’est le lieu que les habitants ont choisi, précise Thierry Jeanneau, actuel vice-président et ex-président de l’association de préfiguration Apapo. Il a une valeur géographique et symbolique. »

A l’intérieur, sur un grand tableau, deux flèches de couleur pointent ce dont « j’ai besoin » 
et ce que « je sais faire ». Pour autant, « ce n’est pas un libre-service de services et ce n’est pas du bénévolat », précise Thierry Jeanneau. « L’objectif premier d’une Accorderie est de lutter contre la pauvreté et l’isolement, complète la présidente, Sylvie Fournioux. Le principe de base, ce sont les rapports humains. Il est aussi important de donner que de recevoir. »

Monnaie-temps

L’Accorderie de Poitiers répond au cahier des charges de ses jumelles membres du Réseau national. Elle est la quarantième à ouvrir et la trente-huitième en activité. Le concept, expérimenté depuis vingt ans au Québec, a dix ans dans l’Hexagone. Ici comme là-bas, les échanges se font en monnaie-temps. « On commence avec une quinzaine de crédits, détaille Alain Jossaud, co-trésorier. On se tourne vers L’Accorderie parce qu’on a besoin d’un service ponctuel, parce qu’on veut se rendre utile mais que l’on ne sait pas ce que l’on veut ou sait faire. » Secrétariat, cuisine, lecture du courrier, couture, coupe de cheveux… Tous les services sont possibles, « sauf ceux qui touchent à la santé ou qui impliquent un toucher corporel et à condition de ne pas rentrer dans le domaine concurrentiel, précise le président. Deux heures d’un dépannage compliqué en informatique ou deux heures de ménage sont équivalentes. »

Créée en 2013, L’Accorderie voisine de Surgères (6 700
habitants) compte aujourd’hui 450 membres. Celle de Poitiers pourrait, elle, rapidement essaimer au vu des demandes émanant de Châtellerault, Pleumartin…

L’Accorderie, 29, rue de Quinçay, à Poitiers - poitiers@accorderie.fr
 - 06 23 02 04 48 - Facebook APAPO-Accorderie Poitiers.

Le Sel aussi…

Hasard du calendrier, l’ouverture de L’Accorderie de Poitiers coïncidence avec les 25 ans du Système d’échange local (Sel) qui utilise depuis un quart de siècle les mêmes ingrédients : des échanges de services, comptabilisés via une monnaie-temps (le châbis), et du lien social. « Le lien est plus important que le bien », lâche Mireille Archambault, co-présidente avec Annick Cousin. « Bien sûr, c’est fictif, mais cela permet de quantifier les échanges. On peut aussi s’échanger des services entre amis, évidemment, mais cela ne génère pas autant de richesse humaine. »  Le Sel favorise les échanges mais aussi les rencontres, à travers les propositions de ses adhérents mais aussi en allant au-devant d’eux, et ce d’autant plus en période Covid.

Contact : Sel : au 06.06.47.85.78 ou au 06.01.77.46.34.

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