La vie russe des étudiants poitevins

En Russie pour leurs études, des étudiants poitevins observent avec attention l’évolution de la guerre en Ukraine. Pour autant, au quotidien, rien ne semble avoir changé autour d’eux, si ce n’est une flambée des prix des billets d’avion.

Claire Brugier

Le7.info

Bien sûr, ils savent. Les informations glanées sur Internet, les réseaux sociaux, auprès de leurs proches ou encore les courriers de l’université de Poitiers les incitant à faire leur valise sont là pour rappeler sans cesse aux huit étudiants poitevins qui s’étaient installés en Russie en ce début d’année la triste réalité géopolitique. Pour autant, en dehors de ces indices extérieurs, rien en apparence ne semble avoir changé dans la société russe. A Moscou, Saint-Pétersbourg ou Iaroslavl, Loïc(*), Clara et Sophie font le même constat. « Jusqu’à présent, j’ai surtout été en relation avec des étudiants anglophones », note la dernière citée, 19 ans. En famille d’accueil à Iaroslavl, la jeune étudiante en LEA est arrivée le 2 février et devait repartir en juin. Mais face au dernier courriel de l’université, elle a pris son billet de retour et s’est envolée dimanche de Russie, très déçue d’écourter son séjour. « J’étais dans l’optique de rester car je ne me sentais pas en danger. » Retour en France, donc, via la Serbie pour 450€. « J’ai passé deux jours à chercher un billet d’avion, les prix étaient exorbitants, je ne trouvais rien à moins de 800€, certains billets allaient jusqu’à 6 000€ ! »
De son côté, Loïc, 23 ans, a décidé de rester aussi longtemps qu’il le pourra. Il est arrivé à Moscou la veille de l’invasion russe pour effectuer à l’université de Plekhanov sa première année de master en commerce international. « La vie à Moscou est la même, confie-t-il. La vraie différence c’est que les dortoirs, qui étaient pleins d’étudiants internationaux, se sont vidés. Beaucoup ont connu des galères avec les avions, celui d’étudiants belges a même fait demi-tour. » 
Quant à ses homologues russes, ils sont « parfaitement lucides par rapport à la situation, note l’étudiant français. Ils ont accès à des informations du monde entier grâce aux réseaux sociaux et Internet. Ils sont surtout inquiets par rapport à l’économie et aux relations futures avec les autres pays. »


« Triste et un peu 
en colère »

Loïc se dit à la fois « triste et un peu en colère ». « Je sais que je ne suis pas en danger. Si je devais partir, je pourrais le faire en bus jusqu’à l’Estonie. Les billets d’avion coûtent très cher et sont rares mais il y aurait toujours une solution pour rentrer, assure-t-il. Seulement, si je pars, je veux que ce soit pour une bonne raison car après ce sera difficile de revenir. » Clara, 19 ans, ne veut pas davantage quitter Saint-Pétersbourg où elle est installée depuis le 5 février. « La Russie est un pays qui m’intéresse depuis le collège, lâche l’étudiante en lettres- sciences po. Pour nous, la guerre n’a pas changé grand-chose. Au tout début, on a vu beaucoup de gens aller retirer de l’argent et certains automates n’en délivraient plus. Parfois, en centre-ville, on croise des manifestants et il y a davantage de policiers dans les rues. Si je devais partir, je ne m’inquiète pas trop car je ne suis pas très loin de l’Estonie, de la Finlande… » Reste que 
« lorsque l’on regarde les infos, c’est assez anxiogène, confie la jeune femme. On se demande si l’on doit ou non rester. » 


(*)Le prénom a été modifié.

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