« Hauts potentiels » en lumière

Depuis quelques mois, le centre hospitalier Laborit à Poitiers adapte sa prise en charge aux patients présentant des signes de haut potentiel intellectuel. Mis en lumière par une série télé, les HPI doivent apprendre à vivre avec leurs capacités exceptionnelles.

Romain Mudrak

Le7.info

Pour certains, les « HPI » ont des pouvoirs de super-héros. La réalité est plus complexe. Une chose est sûre, les personnes à haut potentiel intellectuel ne ressemblent pas toutes à Morgane Alvaro, l’héroïne de la série diffusée actuellement sur TF1. Audrey Fleurot campe une consultante de la police judiciaire lilloise au tempérament de feu plutôt réfractaire à l’autorité… Aussi caricaturales soient-elles, les deux saisons de HPI ont le mérite de mettre en lumière ces personnalités hors norme, avec leurs capacités exceptionnelles et leurs moins bons côtés.

« Être HPI, ce n’est pas une maladie, on ne parle pas de troubles psychiques, c’est un mode de fonctionnement différent du cerveau », précise Laura Gouverneur, psychologue au centre hospitalier Henri-Laborit, à Poitiers. « Les HPI possèdent une quantité de neurones plus importante que les autres, les connexions sont plus nombreuses et l’hémisphère droit, qui pilote les émotions, est plus développé », ajoute sa collègue Anziza Manssouri. Toutes les deux formées à la neuropsychologie, elles ont compris qu’il fallait offrir à ces patients un accueil particulier au sein de leur service, le Centre d’écoute, de consultations et de d’activités thérapeutiques (Cecat), autrement dit l’hôpital de jour de Laborit.

Réguler leurs émotions

Leur quotient intellectuel avoisine les 160. Ils comprennent vite, mais leurs comportements les démarquent souvent en société. Ils sont de plus hypersensibles à tout ce qui les entoure. Les deux spécialistes ont mis au point un programme de quinze séances hebdomadaires dans le but d’aider ces patients, par groupe de six, à s’accepter et à vivre avec. 
« Le fait de mettre un nom sur ce qu’ils ressentent et de leur expliquer comment fonctionne leur cerveau constitue déjà un soulagement, souligne Anziza Manssouri. Ensuite, on leur donne des outils concrets pour réguler leurs émotions. Toutes les informations venant de leurs cinq sens sont traitées en même temps par leur cerveau. C’est pourquoi ils doivent développer leurs capacités à inhiber certaines d’entre elles. » « Nous avons aussi un module sur l’affirmation et l’estime de soi qui passe notamment par des jeux de rôles », reprend Laura Gouverneur.

Cette prise en charge spécifique permet dans la plupart des cas le déblocage des troubles alimentaires, anxieux ou dépressifs pour lesquels, au départ, ces patients avaient été adressés au Cecat. De surcroît, ce dispositif réduit leur sentiment de solitude car les participants rencontrent d’autres HPI présentant des spécificités identiques, loin des clichés de la série télé.

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