Les sorties scolaires freinées par la pénurie de chauffeurs

Juin est synonyme de sorties scolaires. Mais la pénurie de chauffeurs d’autocars qui frappe toute la France freine sérieusement les projets. Plus largement, ce problème impacte aussi les lignes scolaires régulières. Et ce n’est pas près de s’arranger.

Romain Mudrak

Le7.info

Le marathon des collégiens n’a pas fait le plein cette année. Cette épreuve qui se déroule traditionnellement quelques jours avant le marathon Poitiers-Futuroscope n’a réuni que 750 adolescents contre plus de 1 200 en temps normal. En cause, la pénurie de chauffeurs d’autocars. Impossible de transporter tous ces jeunes athlètes des quatre coins de la Vienne jusqu’à Chasseneuil. Du côté de l’Espace Mendès-France, le nombre de visites de classes a diminué sur le même motif. « En réaction, nos animateurs ont multiplié les déplacements dans les établissements scolaires », note Thierry Pasquier, en charge de la communication du centre de culture scientifique poitevin. Des prestations financées opportunément par le nouveau Pass Culture « collectif » créé par l’Etat.

Depuis quelques mois déjà, le transport scolaire est un véritable casse-tête pour les directeurs d’école. Les élèves d’une petite commune de l’est de la Vienne n’ont eu que deux séances de piscine sur les cinq prévues pour apprendre à nager. Et quand les chauffeurs sont disponibles, c’est le prix du gasoil qui douche l’enthousiasme des organisateurs. En Nouvelle-Aquitaine, il manquerait « entre 300 et 500 conducteurs » selon les chiffres de la Fédération nationale du transport de voyageurs (FNTV). Les lignes régulières d’autocars qui déposent et ramènent les élèves matins et soirs souffrent également de ce manque de main-d’œuvre. 
« Je suis inquiet pour la rentrée, affirme sans détour Renaud Lagrave, vice-président de la Région qui pilote les Transports scolaires sur le territoire. La collectivité finance des formations mais il n’y a pas de candidats. Aujourd’hui, les opérateurs mettent tout en œuvre pour maintenir le service, des cadres et des secrétaires administratives prennent le volant, mais ça ne peut pas durer. » L’élu réclame haut et fort la nomination d’un ministre des Transports pour se pencher sur le problème.

Mutualiser 
les conducteurs

La Covid-19, des salaires trop bas, des contrats trop courts, une image désuète du métier… Tous ces arguments expliquent la pénurie. La Région s’apprête à lancer des appels d’offres sur six ans au lieu de quatre pour donner « plus de visibilité » aux opérateurs qui pourront à leur tour proposer de meilleurs contrats. Et pourquoi pas mutualiser les postes entre sociétés de transport pour compléter le service des conducteurs ? La présidente de Grand Poitiers y est favorable. Vitalis, qui peine aussi à pourvoir ses postes à temps plein, pourrait en bénéficier. Reste à trouver des passerelles entre des conventions collectives très différentes. La régie délègue à quatre transporteurs privés (sur appel d’offres) les cent cinquante circuits scolaires quotidiens dessinés sur les quarante communes de l’agglomération. « Chaque jour depuis septembre, cinq circuits en moyenne ne sont pas assurés faute de chauffeur, admet Axel Granier, responsable du développement et du service clients chez Vitalis. On informe au plus vite les usagers via les établissements et l’application et on reporte sur le réseau urbain quand c’est possible. » 
Ce mardi matin, la régie affrète un « bus de l’emploi » pour trouver des candidats. Ici, le travail ne manque pas.

crédit photo : Françoise Roch

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