Alimentaire : 
les stocks crient famine

A l’approche de la collecte nationale annuelle de la Banque alimentaire et du début de la campagne hivernale des Restos du cœur, les inquiétudes sont plurielles chez les responsables départementales des deux associations.

Claire Brugier

Le7.info

Chaque année, la collecte de la Banque alimentaire de la Vienne permet d’alimenter en produits secs et de conservation la distribution des douze mois qui suivent. Chaque année, une centaine de tonnes de produits viennent ainsi garnir des rayonnages vidés par une année de distribution. Mais cette année, 
« les stocks sont au plus bas, déplore Annie Hequet, à quelques jours de la grande collecte annuelle, les 25, 26 et 27 novembre. Il faut absolument que ces trois jours soient un succès ! » En 2021, les dons s’étaient élevés à 105 tonnes. Malgré une conjoncture économique tendue, la présidente de la Banque alimentaire « espère 100 tonnes » à l’issue de cette nouvelle édition. Car l’entrepôt de Poitiers-sud crie famine, et pas uniquement parce qu’une année s’est écoulée depuis la dernière collecte. D’autres facteurs inquiètent. « Nous subissons des restrictions sur certains produits qui nous sont fournis par l’Europe et l’Etat, en conséquence de la crise des marchés de 2021, explique Annie Hequet qui évalue la perte à -40%. Certaines entreprises qui avaient soumissionné n’ont pas voulu honorer à perte les marchés. » La compensation financière viendra certainement, mais en attendant « il n’y a plus rien dans les caisses et dans les bacs ! ». La pression est moins importante aux Restos du cœur, encore portés par leur collecte de mars. Sylvie Moriceau est davantage préoccupée par la « ramasse ». « Elle est en train de s’écrouler », constate la présidente départementale.

La « ramasse »… 
à la ramasse

« Les grandes surfaces nous donnent de moins en moins de produits car elles ont besoin de gérer au plus près leurs stocks. Résultat, ceux que nous récupérions de J-3 à J-1, nous les avons aujourd’hui le jour J. Nous devons donc gérer sans aucune visibilité », confirme Annie Hequet, chagrinée que 
« des produits qui étaient donnés auparavant [soient] aujourd’hui vendus à des applis, à destination de clients qui les achètent à moindre coût mais qui ne sont pas forcément nécessiteux ». Plus globalement, la bénévole redoute de voir le déficit de l’association, déjà de 45 000€ en 2021 (sur un budget d’environ 500 000€), se creuser inexorablement, notamment sous la pression du coût des énergies. « Nous ne consommons pas de gaz mais, côté électricité, nous avons des chambres froides, une salle de tri climatisée à 12°C toute l’année… » Sans compter les dépenses liées au transport.

Par ailleurs, la crainte est forte d’une augmentation du nombre de bénéficiaires. « On va avoir du mal à faire face cet hiver, surtout en ce qui concerne les produits bébé et d’hygiène, prévient Sylvie Moriceau. Nous explosons sous le nombre d’étudiants et nous commençons à voir arriver les premières familles qui travaillent mais qui, avec de petits salaires, n’y arrivent plus. On sent aussi beaucoup d’agacement et de tensions liées à la peur du lendemain. » La campagne hivernale des Restos débutera le 22 novembre dans les dix-sept centres de la Vienne. La distribution se poursuit dans les cinquante-huit structures (CCAS, épiceries sociales et solidaires...) approvisionnées par la Banque alimentaire.

Collecte nationale de la Banque alimentaire les 25, 26 et 27 novembre dans les grandes surfaces du département. Comme les Restos du cœur, la structure recherche toujours des bénévoles.

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