CNR, trois lettres et des attentes fortes

Que retenir du Conseil national de la refondation sur la santé, auquel Emmanuel Macron a participé jeudi dernier à Fontaine-le-Comte ? La gratuité des préservatifs pour les jeunes à l’horizon 2023, mais pas que...

Arnault Varanne

Le7.info

A partir du 1er janvier 2023, les moins de 25 ans auront accès gratuitement à des préservatifs dans les pharmacies de l’Hexagone, sans ordonnance. L’annonce lâchée au détour d’une phrase par Emmanuel Macron, jeudi dernier, en plein Conseil national de la refondation, a été reprise dans tous les médias. Jusqu’à éclipser le reste de la journée présidentielle à Fontaine-le-Comte, marquée par la tenue de trois ateliers, avec une soixantaine de professionnels à la baguette ? 
Pas forcément. « J’ai trouvé la démarche intéressante », admet Véronique David. Et la directrice des ateliers Cord’âges, à Poitiers, de se féliciter d’avoir 
« rencontré des personnes de territoires et de formations différents. On n’a pas tous le même langage et, pourtant, on travaille tous dans le médico-social, l’accompagnement... »« Décloisonnement », « mixité », 
« culture », « activité physique »...
 Les mots choisis par Emmanuel Macron en clôture du CNR ont résonné en beaucoup de participants. Reste à savoir si l’Etat centralisateur donnera les moyens aux initiatives locales d’émerger... financièrement. « En fait, on attend toujours des financements. Les appels à projets de l’ARS, je veux bien, mais il faudrait qu’on soit soutenu dans la durée, surtout quand le travail est réel et qu’on pallie un manque de l’Etat », prolonge la fondatrice de Cord’âges. Etrangement, la question des moyens n’a été posée qu’une seule fois. « Ça ne fait pas tout, mais quand on accompagne des jeunes, il faut des encadrants, plaide Léonie Atete-Poupard, de la Mission locale et d’insertion du Poitou. On a une seule personne en prévention (en plus de l’intervention d’un médecin deux demi-journées par semaine, ndlr) pour 4 000 jeunes. C’est une question qui fâche mais je préfère la poser. »

Des idées 
peu onéreuses

Le mot-clé à retenir de la journée reste « prévention ». Avec le Picta’bus de la Maison des ados, d’abord. Avec le programme de prévention Let’s girl, défendue par l’ancien cardiologue Paul Menu ensuite. Et avec aussi l’encouragement à la vaccination contre le papillomavirus, à laquelle 10% seulement des garçons s’astreignent. L’obligation ? On en revient à la question des moyens... Au-delà, les acteurs de la Vienne ont esquissé des pistes d’amélioration concrètes, qui ne coûtent pas forcément cher. Comme créer une réserve d’acteurs de la santé, susceptibles de passer une à quatre semaines par an en immersion dans les écoles. Un médecin généraliste et ses comparses ont carrément imaginé un clip dédié à la vaccination. Pour assurer sa promotion ? 
« Je sais que vous êtes un peu proche de Mbappé, de McFly et Carlito... », a glissé le médecin sourire aux lèvres au Président de la République.

Que restera-t-il du brainstorming géant sous le regard présidentiel ? Sûrement l’idée que tout ne doit pas ruisseler de Paris. « Tout est bien pensé dans des circulaires qu’aucun être humain n’est en capacité d’intégrer, reconnaît Emmanuel Macron. Je crois à la force des initiatives locales. Il faut davantage faire entrer le sport et la santé mentale dans l’école, les entreprises... » 
Chiche ?

DR Pool Mathieu Herduin/La Nouvelle République

À lire aussi ...