Du biogaz de Sanxay à (Grand) Poitiers

Une nouvelle unité de méthanisation de la Vienne a été inaugurée la semaine dernière à Sanxay. Une installation qui fournit en biogaz l’équivalent de 1 550 foyers via une nouvelle canalisation de 34km, la dorsale Mélusine.

Arnault Varanne

Le7.info

Depuis le 23 février 2023, la SAS Energie fermière basée à Sanxay injecte 120m3 de biogaz toutes les heures -12GWh par an- sur le réseau du groupe Sorégies, via une nouvelle canalisation 
de 34km construite à dessein. 1 550 foyers répartis entre Nieuil-l’Espoir, Nouaillé-Maupertuis, Les Roches-Prémarie, La Villedieu-du-Clain, Iteuil, Smarves et Vivonne profitent désormais de cette source d’énergie « locale et renouvelable » dixit le groupe Sorégies, le tout grâce aux déchets agricoles. A l’origine du projet de méthanisation, deux agriculteurs : Aurélien Berardengo et Jérôme Clochard. Le premier est propriétaire d’une exploitation de 400 moutons viande, 200 taurillons et 300 hectares 
de grandes cultures, le second élève des chèvres. Ce sont eux, avec le concours de trois autres agriculteurs voisins, qui injectent au quotidien les 30 tonnes de fumiers, cultures intermédiaires et autres issues de céréales dans l’unité de méthanisation.

« Acheter moins 
d’engrais chimiques »

L’installation a nécessité un investissement de 6M€, elle est composée de trois digesteurs. Le procédé permet de séparer le méthane (CH4), de l’eau et du soufre. Une fois épuré, le CH4 est injecté dans le réseau, le reste de la matière organique aussi appelé digestat est dispersé sur quelque 900 hectares de culture. « Cela nous permettra d’être plus autonomes et d’acheter moins d’engrais chimiques grâce à ce fertilisant renouvelable », développe Aurélien Berardengo. L’unité de méthanisation, la 
34e en service dans la Vienne, a vocation à « conforter la viabilité économique de l’exploitation ». 
Le biogaz est ainsi vendu entre 10 et 12 centimes d’euros le kWh au groupe Sorégies. Son directeur général Frédéric Bouvier n’y voit que des avantages. « Le biogaz représente aujourd’hui 9% du gaz que nous distribuons, explique-t-il. Cette production répond déjà aux attentes de la planification pluriannuelle de l’énergie à l’échelle locale. Mais nous visons les 20% à l’horizon 2028. »

Une boucle inter-opérateurs

Au-delà du groupe énergétique, Grand Poitiers se félicite du partenariat gagnant-gagnant avec le monde agricole « dont on accompagne le changement des pratiques », estime Florence Jardin, présidente de la collectivité. A l’avenir, la dorsale Mélusine devrait ainsi être alimentée par au moins une autre unité de méthanisation, même si aucun projet ne semble encore mature selon Valeurs Agri Métha, l’association qui accompagne les agriculteurs. L’une des innovations de l’opération réside dans la mise en place d’une boucle inter-opérateurs entre Sorégies et GrDF, le deuxième distributeur de gaz du département. Une première en France. Concrètement, le surplus de production sera consommé par les habitants de Ligugé, Saint-Benoît et Poitiers. La boucle est bouclée.

(*)2,5M€ d’investissements, financés à hauteur de 750 000€
 par Grand Poitiers, le reste par le groupe Sorégies.

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