La revue de presse 
de Francis Garnier

Le Châtelleraudais Francis Garnier s’est pris de passion pour les journaux, qu’il collectionne depuis près de cinquante ans. Il y lit l’histoire de France et bien plus encore entre les lignes.

Claire Brugier

Le7.info

Son CAP d’imprimeur-typographe en poche, Francis Garnier est devenu… militaire de carrière. Dans les transmissions. « Mais dès le début des années 70, j’ai commencé à collectionner les journaux », explique le Châtelleraudais, sensibilisé aux arts graphiques grâce à un certain M. Boyer, alors professeur au lycée Branly. « J’ai ensuite passé une trentaine d’années dans l’armée et, de partout, je ramenais des journaux ! » Bosnie, Kosovo, Macédoine, Gabon, Tchad, Côte d’Ivoire, Centrafrique… A la retraite, Francis a finalement fait don de ses journaux étrangers pour se concentrer sur « ceux de la France et de son ancien empire colonial ». Rien qu’avec eux, sa collection, sagement rangée dans de larges porte-documents plastifiés, compte plus de 2 200 exemplaires classés chronologiquement. Mais pour ce passionné, le nombre importe peu. Tous ces trésors de papier retracent avant tout l’histoire de France, « de la petite nouvelle à la grande annonce ». Ils en disent aussi beaucoup, à travers leurs titres et les choix éditoriaux, sur le traitement de l’information et l’engagement politique des uns et des autres.

De 1774 à nos jours

Le plus ancien est une Gazette de l’agriculture de 1774, un petit format où les articles sont répartis sur deux colonnes, sans fioritures ni effets de typologie. Puis la collection remonte le temps, les journaux s’agrandissent, la mise en page s’émancipe comme les noms des publications. Les Nouvelles de Paris font état du retour en France de Bonaparte après la bataille de Rivoli, Le Matin de l’assassinat de Jean Jaurès … On voit apparaître les feuilletons, les illustrations, la couleur, les espaces blancs laissés par la censure. Chaque exemplaire est accompagné d’une notice que Francis Garnier a soigneusement rédigée pour en éclairer l’origine, les circonstances de sa création ou de sa disparition, ses grands noms… « Si nécessaire je nettoie les journaux et les restaure, mais le moins possible. »

Membre du Centre de la presse, association basée à Maisonnais, dans le Cher, le collectionneur n’hésite pas à faire vivre ce patrimoine de papier en confiant ses journaux ici pour illustrer une conférence, là pour une exposition sur l’imprimerie poitevine Faulcon ou sur la Première Guerre mondiale… Parallèlement il ne se lasse pas de compléter sa collection, en chinant sur les salons et brocantes, avec la complicité de sa femme. « Au moins on est sûr de ne pas se tromper pour son anniversaire ! », plaisante-t-elle, car « évidemment, les collectionneurs veulent toujours les exemplaires qu’ils n’ont pas », 
avoue l’intéressé. Comme le 
« J’accuse ! » de Zola paru dans L’Aurore (1898). Ou bien le dernier numéro de France Antilles (2020).

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