Aide alimentaire : l’état d’urgence à Poitiers

Au-delà des Restos du cœur, qui ont tiré la sonnette d’alarme la semaine dernière, toutes les associations caritatives font face à une multiplication du nombre de bénéficiaires de denrées alimentaires.

Chris Ferreira

Le7.info

A la rentrée, 410 familles de la Vienne se sont déjà pré-inscrites auprès du Secours populaire pour recevoir une aide alimentaire contre 309 l’année dernière. « Une équation explosive », selon Nicolas Xuereb. Le directeur général de l’association parle d’un « vrai raz-de-marée ».
Une inquiétude partagée par le président d’Help Young 86. « Il y a un an, à notre échelle, nous recensions 150 bénéficiaires contre 300 aujourd’hui », 
relève Antoine Lelièvre. A ce contexte déjà délicat s’ajoutent d’autres difficultés. L’une d’entre elles est notamment liée aux lois anti-gaspillage (Garot 2016 et Agec 2022), dont l’objectif est de lutter contre tout type de gaspillage, alimentaire ou non. Ainsi, les grandes surfaces peuvent vendre les aliments jusqu’au dernier jour de leur date limite de consommation (DLC). 
« Nous avons moins de produits et ceux que nous récupérons sont souvent dégradés. La DLC est souvent dépassée d’un à deux jours », constate à nouveau Nicolas Xuereb.

Quant aux Restos du Cœur, ils notent surtout l’augmentation du prix de l’énergie. « Pour le prochain budget, nous prévoyons une hausse des factures de 40% », précise Sylvie Moriceau. La responsable départementale des Restos du Cœur met aussi l’accent sur l’absence des politiques. « Depuis l’appel de Patrice Douret le dimanche 
3 septembre, la seule élue à s’être manifestée pour nous proposer son aide est Coralie Breuillé-Jean (adjointe aux Solidarités et à l’Action sociale à Poitiers, ndlr). »

Restos du cœur : 28% de bénéficiaires supplémentaires

En parallèle, se pose également la problématique du manque criant de bénévoles. Le Secours populaire en compte 300, les Restos du cœur 500. Les effectifs stagnent et ne suffisent plus à absorber le flux des bénéficiaires. « Nous en dénombrons 28% de plus par rapport à l’année dernière. A la même époque, nous avions servi 
625 238 repas. Nous pensons atteindre la barre des 800 000 d’ici la fin de la campagne d’été », 
relève Sylvie Moriceau. Et avec la réforme des retraites, elle craint que le nombre de bénévoles soit insuffisant pour faire face. « 98% de notre effectif est composé de néo-retraités. La majorité est âgée de 60 ans et plus. » De quoi laisser présager un avenir difficile.

« Il faudrait prendre le problème à la base. Les élus devraient tout faire pour lutter contre la précarité et le déterminisme social, note Nicolas Xuéreb. L’idéal serait aussi de disposer de compétences (comptables, responsables de gestion) que l’on a du mal à trouver dans le milieu associatif. » Pour Sylvie Moriceau, le problème va au-delà. La bénévole s’inquiète de 
« l’agressivité qui règne dans la société ».

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