14 jours de comédie humaine

Avec 14 jours pour aller mieux, Edouard Pluvieux et Lionel Dutemple signent une comédie pleine d’indulgence envers des personnages aussi névrosés qu’attachants. Maxime Gasteuil et Romain Lancry forment un sympathique duo de contraires.

Claire Brugier

Le7.info

Envie d’un feel-good movie ? 14 Jours pour aller mieux, le nouveau long-métrage d’Edouard Pluvieux en est un, un « film de bien-être » (en français dans le texte) avec pour décor… un stage de bien-être. Au menu donc, une immersion dans la campagne charentaise, des séances d’introspection collectives avec des stagiaires bourrés de névroses et des repas frugaux végan. Tout ce dont Max (Maxime Gasteuil), un cadre sous pression obnubilé par sa réussite - et accessoirement son mariage avec la fille de son patron (exécrable Bernard Farcy)-, ne rêvait pas. Mais le voilà pourtant au vert chez des « clairvoyants », avec pour « chaperon » son beau-frère Romain (Romain Lancry), gentil, positif en toute circonstance et adepte de la câlinothérapie. En bref, son exact opposé.
Attention, terrain glissant et overdose de clichés à portée de caméra. Il n’en est rien, probablement parce que l’histoire est directement inspirée d’une expérience vécue par Maxime Gasteuil. Sans faire dans la dentelle, Edouard Pluvieux, le réalisateur d’Amis publics (2016) et metteur en scène de l’humoriste-comédien, et son co-scénariste Lionel Dutemple parviennent à planter autour du duo Max/Romain des personnages aussi lunaires qu’attachants, avec en maîtresse de cérémonie une Zabou Breitman (Clara) chirurgicale flanquée d’un Lionel Abelanski (Luc) en éternel idéaliste. La caméra filme tout ce petit monde avec sobriété, sans interférer dans la spontanéité des dialogues. La diversité sociale devient spectacle et l’humour ne tombe jamais dans la méchanceté. Rien qu’une petite comédie humaine.

Comédie, d’Edouard Pluvieux et Lionel Dutemple, avec Maxime Gasteuil et Romain Lancry (1h36).

 

Ils ont dit…

Maxime Gasteuil, alias Max - « On a fait le film dont on rêvait. Il s’appuie sur une histoire vraie. Il y a quelques années, ma carrière était dans un tunnel bien sombre. Or je suis d’une famille d’artisans, dans laquelle on se lève tôt pour faire. J’étais dans un perpétuel doute. Mon beau-frère m’a emmené dans un stage proposé par Frank Lopvet. Comme je suis curieux et éduqué, j’y suis resté. Les premières heures, j’ai vécu un enfer. Moi les câlins aux arbres, la sauge et tout le reste… Disons que je suis cartésien et que je n’ai pas grandi avec ces options-là. Je pensais trouver des fous, or il n’y avait que des gens de la société civile. Cela m’a fait rire mais cela m’a aussi beaucoup touché. J’en ai parlé à Edouard (ndlr, Pluvieux, metteur en scène de ses spectacles) et il a fait le stage. »

Edouard Pluvieux, réalisateur - « J’y suis retourné avec Lionel (ndlr, Dutemple, co-scénariste) en observateur, en me disant qu’on allait rigoler. On a beaucoup ri en effet, mais AVEC les gens. On a fait une comédie car il n’était pas possible de faire une parodie, et Romain (Lancry) participe de cette volonté artistique. Il a ce truc bienveillant, enfantin et lunaire à la Zach Galifianakis dans Very bad trip. On a aussi eu la chance d’attirer à nous des acteurs formidables comme Zabou Breitman, Lionel Abelanski… Ils sont tous incroyables, que ce soit la génération d’avant -Chantal Lauby et Michel Boujenah- ou tous les jeunes, dont beaucoup viennent du théâtre ou du one-man-show. »

Romain Lancry, alias Romain : « Quand on se retrouve face à Zabou (Breitman), on a envie d’être à la hauteur. Ce qui est dans le film correspond à la vie pendant le tournage, on a vécu tous ensemble pendant un mois. En fait on a fait huit semaines de stage ! (rire) Le scénario était très écrit. Il faut du fond pour faire une bonne comédie, on ne rit jamais aussi bien que quand il y a du fond. Ici les deux grandes questions à mon sens sont le rapport au père et le rapport au mensonge, qui est évident chez Max, comme dans mon personnage qui n’aime pas mentir ou encore dans celui de Serge. »

 

 

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