Il était une foi dans l’Ouest

A Poitiers, l’exercice du culte orthodoxe n’a qu’une quinzaine années d’existence communautaire. La Trinité et Saint-Hilaire, seule paroisse orthodoxe canonique de la Vienne et des Deux-Sèvres, réunit aujourd’hui une quarantaine de fidèles de différentes origines.

Nicolas Boursier

Le7.info

La petite chapelle Saint-Joseph ne s’abandonne que rarement à l’apaisement. Depuis le début des années 2000 et sa dotation par l’archevêque Albert Rouet, le lieu de culte référent des orthodoxes de Poitiers s’offre inlassablement aux missions d’entretien, de réparation ou d’aménagement nécessaires à son embellissement et à sa sauvegarde.
Ici, il y a toujours un coup de pinceau à donner, un tapis à… repasser, une icône à mettre en lumière. Sous l’œil bienveillant de Philippe Maillard, recteur de la paroisse de la Trinité et Saint-Hilaire, les fidèles s’affairent sans faiblir. Parce que ce lieu est leur maison, le théâtre d’expression de leur foi.
Chaque semaine, la messe dominicale réunit une quarantaine de ces membres communautaires. Ils sont Français et Russes, Libanais et Erythréens, Grecs et Syriens, Roumains, Serbes ou Ethiopiens et ont tous en commun de clamer leur fidélité aux origines de la chrétienté. « C’est à dire à la théologie des sept conciles du premier millénaire chrétien, souligne le Père Maillard. Après le schisme de 1054, l’Occident s’est séparé de l’Orient, l’église catholique de l’orthodoxe. Mais les orthodoxes n’ont jamais dévié de la route initialement tracée. Le culte actuel repose sur les mêmes dogmes que ceux d’il y a vingt siècles. » Un culte tourné vers la miséricorde de Dieu et qui accorde notamment au chant –polyphonique- et à la vénération des icônes une place prépondérante.

Marié et prêtre

« Les différences entre les liturgies catholique et orthodoxe sont parfois ténues, mais elles sont finalement nombreuses ». Elevé dans la foi catholique, Philippe Maillard a depuis longtemps trouvé matière à « comparer ». « J’avais 13-14 ans à l’époque de Vatican II, 24 lorsque mon père est décédé, rappelle-t-il. Je ne saurais expliquer ce qui s’est réellement passé, mais je n’ai plus eu envie d’aller à l’église. Et pourtant, le Christ était toujours un pilier central de ma vie. »
Pendant plusieurs années, Philippe avoue avoir « erré ». « Puis on m’a un jour conseillé de suivre une messe orthodoxe. C’était en 1980. J’en suis ressorti conquis. J’ai surtout été marqué par la manière dont le prêtre parlait des choses de ce monde, par son esprit d’analyse, d’ouverture et d’adhésion à chaque situation individuelle. »
L’engagement est devenu total. Sept ans plus tard, Philippe Maillard était ordonné. Tout en étant marié, père de deux enfants et en exerçant une activité professionnelle. Cela, c’est certain, l’église catholique ne lui ’aurait jamais permis.
 

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