La techno change de peau

Suite logique de la réforme des lycées, la voie technologique va subir de profonds changements à la rentrée prochaine. Sa vocation devient clairement la poursuite d’études supérieures. Au risque de perdre un certain savoir-faire.

Romain Mudrak

Le7.info

Les ateliers du lycée Louis-Armand vont bientôt disparaître. Place aux laboratoires. Et ce n’est pas qu’une histoire de vocabulaire. La mise en œuvre de la filière Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable (STIDD), en classe de première, impliquera un changement radical à la rentrée prochaine. « Nous n’enseignerons plus le geste professionnel, explique Grégory Rodde, enseignant en Génie mécanique. Les jeunes réaliseront des prototypes et des modélisations assistées par ordinateur. » Le lycée s’apprête d’ailleurs à investir dans une machine assez bluffante : l’imprimante 3D.
N’empêche, ce constat a le don d’inquiéter Laurent Duclos, le coordinateur du BTS « Maintenance et automatisme industriels ». Si la réforme apportera plus de visibilité sur les débouchés (la filière STIDD ne comporte plus que quatre spécialités au lieu de quinze), « un savoir-faire pourrait disparaître. Les Bac pro feront de très bons ouvriers spécialisés tandis que la filière STIDD formera des penseurs, considère-t-il. Mais les entreprises françaises ne disposeront plus de bons chefs d’atelier, de coordinateurs. Bref, de niveaux intermédiaires. »

+10% d’intentions positives

« Désormais, la vocation de ce diplôme est clairement d’amener les lycéens vers des études supérieures, note Patrice Herzecke, délégué académique à l’orientation. La modernisation des programmes autour des technologies numériques, des énergies propres, de l’éco-conception… doit provoquer une remontée des effectifs. Or, je peux déjà annoncer une hausse des vœux de 10% au deuxième trimestre. »
Aux enseignants qui estiment que la réforme est précipitée, le représentant du Rectorat rétorque que « la première année est toujours inconfortable ». Grégory Rodde va s’en rendre compte. En lieu et place du Génie mécanique, il a choisi d’enseigner en « Architecture et construction », mais sa formation n’a toujours pas commencé.

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Les STL aussi…

La section Sciences et techniques de laboratoire (STL) sera, elle aussi, remodelée à la rentrée prochaine. Si ce bac a toujours eu vocation à la poursuite d’études (BTS, IUT), sa dimension expérimentale va s’amenuiser sensiblement : « Le temps de manipulation sera divisé par deux, s’alarme Francis Vallade, coordinateur du laboratoire de chimie à Louis-Armand. Or, le but du bac STL est d’amener les jeunes à un niveau équivalent au bac S mais en passant par un apprentissage plus concret. C’est dommage. » Point positif, physique et chimie seront clairement tournées vers le développement durable. « Des métiers d’avenir », poursuit Jacqueline Duneau, enseignante, qui apprécie aussi « le projet personnalisé permettant d’approfondir certaines compétences selon le choix de l’étudiant ». Reste que les professeurs de Louis-Armand n’ont reçu le nouveau programme que le 8 février et ne suivront  que « quatre jours de formation en tout ».

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