Charlotte a retrouvé sa mère

« Née sous X » le 4 août 1993, Charlotte Marolleau a retrouvé sa mère biologique, à force de persévérance et grâce à une intense campagne de communication. En décembre dernier, nous lui avions consacré un papier. Retour vers le futur…

Arnault Varanne

Le7.info

Sa détermination a donc fini par payer. Près de quinze mois après ses premières recherches, Charlotte Marolleau a identifié la femme qui l’avait mise au monde, ce fameux 4 août 1993, au CHU de Poitiers. « Mes parents adoptifs étaient évidemment au courant de ma démarche, mais le fait d’aboutir a crevé un gros abcès. Notamment avec mes deux frères, adoptés à Madagascar », raconte la jeune aide-soignante, qui vit aujourd’hui à Angers.

Cette quête heureuse s’est accompagnée, le 14 septembre, d’un « coming-out » médiatique, sur le plateau de « Toute une histoire », sur France 2. Face à Sophie Davant, Charlotte a narré, en détails, ses moments de doute, puis sa joie ultime d’échanger par mail avec Françoise. Avant une « vraie » rencontre ? « En fait, elle doit d’abord en parler avec son mari, ses deux enfants et ses proches. Laissons le temps… »

« J’en ai pleuré de joie »

Tout a vraiment démarré au printemps 2014, avec la mise en ligne d’une page Facebook intitulée « Née sous X le 4 août 1993 ». Un succès quasi-immédiat, des milliers d’amis, des partages en cascade… Puis ce courriel d’un certain Jordan, en décembre dernier, quelques jours après un papier dans nos colonnes sur l’histoire de Charlotte. « Il a reconnu Françoise en voyant ma photo, car je lui ressemble a priori beaucoup. Il était lui aussi sur ses traces car elle avait été sa nourrice ! »

Des dizaines d’échanges électroniques ont suivi, jusqu’à ce que Jordan fournisse à Charlotte l’adresse électronique de celle qui l’avait mise au monde. Silence radio jusqu’en juillet 2015 et gros coup de blues à la clé. « A ce moment-là, j’avais vraiment le moral à zéro et j’étais à deux doigts de tout abandonner, esquisse la « née sous X ». Mais j’ai persévéré. Et le 19 juillet, j’ai reçu un message de Françoise, dans lequel elle m’expliquait qu’elle avait peur des représailles. J’en ai pleuré de joie… »

Depuis, mère et fille correspondent. Charlotte sait désormais pourquoi l’adolescente de l’époque -17 ans-, tombée enceinte d’un jeune homme déjà amouraché d’une autre, a préféré pour elle « une vie meilleure avec une bonne famille ». « Elle voulait des parents aimants et n’était pas en capacité de m’accueillir sur le plan matériel. Et puis, ses parents souhaitaient aussi qu’elle poursuive ses études. »

A 22 ans passés, l’aide-soignante angevine trace sa route avec un peu plus de légèreté, sans se soucier de l’avenir ni de ses futures relations avec sa mère biologique. Elle le sait pertinemment, on ne rattrape pas deux décennies en quelques semaines. Et puis, d’une certaine manière, sa quête identitaire a pris fin le 19 juillet dernier. D’ailleurs, sa page Facebook « Née sous X le 4 août 1993 » ne devrait pas tarder à baisser pavillon.

Recherche
Une procédure très contrôlée


En France, on recense environ six cents naissances sous X par an. Après l’accouchement, les mères ont deux mois pour se rétracter et reconnaître leur enfant. Si tel n’est pas le cas, ce dernier est ensuite confié aux services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), en vue d’une adoption. Les « né(e)s sous X » peuvent, en revanche, venir consulter leur dossier au Département. Parfois, ils et elles y découvrent un pli cacheté à leur intention. Les femmes peuvent aussi demander une levée du secret à tout moment et compléter les éléments. Dans la Vienne, entre quinze et vingt demandes annuelles de renseignements sont formulées par de jeunes majeurs. En cas d’insuccès, les « né(e)s sous X » ont une dernière possibilité de recours auprès du Conseil national d’accès aux origines personnelles, qui entame des démarches auprès de la mère biologique.

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