Au Crous, le tri fait un flop

Depuis 2009, les étudiants poitevins déjeunant au restaurant universitaire Rabelais trient tous les jours leurs déchets. Un geste inutile puisqu’aucune solution de valorisation n’a encore été trouvée. La direction du Crous est la première à le déplorer.

Florie Doublet

Le7.info

Scène ordinaire au restaurant universitaire Rabelais de Poitiers. Les étudiants déversent les restes de leur repas dans les poubelles de tri mises à leur disposition. Pain, carton, aluminium, plastique... Les différents déchets sont soigneusement séparés. Mais à l’heure actuelle, aucun dispositif n’est mis en place pour que les rebuts soient redirigés vers une filière de valorisation. Au grand dam de Patrick Peronnet, chargé de mission restauration au Crous de Poitiers. « En 2009, lorsque le tri a été mis en place, j’étais très enthousiaste et je pensais qu’une solution de retraitement serait rapidement trouvée. » Las... Les premiers essais n’ont mené à rien. L’organisme se heurte à d’importantes contraintes techniques liées à la quantité astronomique de déchets générés : de six cents kilos à plusieurs tonnes par semaine, en fonction de la période scolaire. « Nous étions pleins de bonnes intentions, assure Patrick Peronnet. Nous avons visité le chalet de compostage de Tony-Lainé, reçu des étudiants en chimie qui ont travaillé autour d’un système de méthanisation, testé des compacteurs de poubelles. Mais rien ne correspond à nos besoins réels d’absorption. »

Un imbroglio

Dans ce cas, pourquoi avoir pérennisé le système de tri ? « Il faut du temps pour que les étudiants prennent de bonnes habitudes, se défend le directeur adjoint du Crous. Et nous pensions vraiment qu’une solution serait trouvée dans les meilleurs délais. Nous voulions être en ordre de marche. D’ailleurs, nous avons assisté à un grand nombre de réunions avec Grand Poitiers, mais le contact a été rompu. Aujourd’hui, nous sommes frustrés. »

Du côté de la collectivité, la surprise est proportionnelle à la déception du Crous. « Des colonnes aériennes pour déchets recyclables, pouvant contenir deux tonnes de déchets, sont aménagées, indique le service communication. Véolia, prestataire de Grand Poitiers, se charge de la collecte de ces bornes pour ensuite acheminer les poubelles vers la plateforme de traitement de Sita. Mais effectivement, depuis 2009, aucune augmentation du volume de déchets n’a été notifiée, alors qu’il aurait dû exploser si le tri sélectif était effectif. » Recontacté par nos soins, Patrick Peronnet tombe des nues. « Je suis à Rabelais depuis 1996 et je n’ai encore jamais entendu parler de ces colonnes aériennes ! Je crois surtout que cet imbroglio est né d’un manque de communication. » Bonne nouvelle, depuis notre reportage, le Crous et l’agglomération sont de nouveau en contact. Une solution pérenne devrait rapidement être trouvée.

 

Châtellerault emboîte le pas

Depuis quelques semaines, le Crous de Châtellerault organise le tri sélectif des déchets. La municipalité a mis à la disposition du restaurant universitaire un conteneur pour plastiques et cartons. « Et nous avons la possibilité d’en demander d’autres si cela ne suffit pas, commente Farah Henni, directrice du pôle restauration du Crous châtelleraudais. Mais nous n’avons pas du tout les mêmes contraintes qu’à Poitiers. Nous servons seulement deux cents couverts par jour. » Seuls les déchets recyclables sont triés. Il n’y a pas encore de valorisation pour les restes alimentaires.

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