Quand la police crie au ras-le-bol

Un vent de colère souffle dans les rangs de la police depuis quelques semaines. Décorés pour actes de courage et de dévouement, trois fonctionnaires poitevins témoignent de la difficulté d’exercer leurs missions dans un climat serein.

Florie Doublet

Le7.info

Un ras-le-bol sans précédent. La semaine dernière, des centaines de policiers ont manifesté dans la capitale et ailleurs contre « la haine anti-flic » qu’ils perçoivent actuellement (*). Le 8 octobre dernier, quatre de leurs collègues ont été attaqués aux cocktails molotov, à Viry-Châtillon.

L’indignation s’est propagée jusqu’à Poitiers, où un rassemblement s’est tenu le 11 octobre devant le commissariat de Poitiers, pour « protester contre les violences » dont les fonctionnaires de police sont l’objet. « Dans la Vienne, nous sommes régulièrement la cible d’agressions physiques ou visés par des jets de projectiles. Plusieurs de nos collègues ont été victimes de tentatives d’homicide volontaire ces dernières années », déplore Alain Pissard, secrétaire régional du syndicat Unité SGP Police FO.

Et pourtant, ces agents de la sécurité publique n’hésitent pas à mettre leur vie en danger lorsque la situation l’impose. La preuve, dix-sept médailles de bronze pour actes de courage et de dévouement ont été remises par la préfète de la Vienne, Marie-Christine Dokhélar, il y a quelques jours.

Le commandant Martineau, le brigadier-chef Hélène Revelin et l’adjoint à la sécurité Charles Laurent -aujourd’hui élève gardien de la paix- ont été récompensés pour avoir sauvé de la noyade un homme et son enfant. Pendant près de deux heures, ils ont tenté de raisonner le père de famille désespéré, qui s’est finalement jeté dans le Clain, son fils de deux ans dans les bras. « Nous n’avons pas hésité une seconde. Nous étions prêts. J’ai plongé pour récupérer l’enfant et le brigadier-chef s’est occupé du père », raconte Charles Laurent.

Des risques quotidiens

Hélène Revelin le craint, cet acte de courage sera « bien vite oublié » par ses concitoyens. « Des risques, nous en prenons tous les jours, mais les gens n’imaginent pas ce que l’on vit… Une intervention pour tapage nocturne peut rapidement mal tourner », assure-t-elle. « Ils ne conçoivent pas le niveau d’agressivité de la société auquel la police est perpétuellement confrontée », ajoute le commandant Etienne Martineau.

Quant aux accusations de « violences policières », elles génèrent une « incompréhension complète ». « Je crois qu’on se méprend sur ce sujet, affirme Etienne Martineau. Si un policier est auteur de « violences », il sera plus sévèrement puni qu’un citoyen. Quand on a un blason « bleu-blanc-rouge » sur les épaules, on ne s’amuse pas à faire n’importe quoi. »

Et de pointer certaines « incohérences ». « Aujourd’hui, certains collègues appréhendent de se servir de leur équipement pour se défendre car ils pensent avant tout aux conséquences judiciaires qu’ils pourraient subir. Ça ne sert à rien de nous équiper comme des Robocop, si nous ne pouvons pas utiliser les moyens mis à notre disposition… »

(*)Unité SGP Police FO appelle à une « marche de la colère policière et citoyenne » ce mercredi, à Paris et en province.

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