L’opération réhabilitation de Jean-François Macaire

L’ancien président de la Région Poitou-Charentes a tenu une (longue) conférence de presse, aujourd’hui, pour donner sa vision du rapport de la Chambre régionale des comptes. Et par la même occasion remettre en perspective la fusion avec l’Aquitaine et le Limousin.

Arnault Varanne

Le7.info

Il est là, seul, dans une salle de l’Espace Mendès-France. Devant son ordinateur portable et muni d’un pointeur rouge, il égrène un nombre incalculable de chiffres, déjà dévoilés devant le groupe socialiste de la Nouvelle-Aquitaine, hier à Bordeaux. Et qu’il commentera encore, lundi prochain, en session plénière, au moment des débats sur le rapport de la Chambre régionale des comptes. « Je veux montrer que nous n’étions pas dans la situation de faillite ou de cessation de paiement que certains ont voulu décrire », commence par dire Jean-François Macaire. 

L’ex-président de Poitou-Charentes entend « défendre son bilan » coûte que coûte. Y compris au risque de calculs pas très savants. Les 111,6M€ d’impayés, « légués » à la Nouvelle-Aquitaine ? « Si l’on tient compte de la trésorerie (44,2M€), des excédents des créances sur les dettes avant report (20,3M€) et de la TICPE (*), qui représente 45,8M€, on arrive quasiment à zéro », avance l’élu poitevin. Qui oublie simplement de dire que Ségolène Royal elle-même a toujours refusé de prélever l’impôt sur les carburants. Et que lui, président, n’a pas davantage activé cette option fiscale. « Nous avons eu tort après coup… », reconnaît-il. Même acte de contrition sur les dispositifs poursuivis -le plan toitures notamment-, alors que les difficultés financières se profilaient déjà. « En 2015, nous n’avons pas tenu de conférence budgétaire pour un éventuel budget 2016. Cela aurait été préférable… »

« Poitou-Charentes payait ses factures ! »

Au-delà, Jean-François Macaire met la « mauvaise année 2015 » sur le compte des « reports de charges » et des plans pluriannuels contractualisés avec d’autres collectivités ou acteurs publics. D’où des « lignes de crédits supplémentaires qui ont dégradé notre autofinancement ». « Maintenant, Poitou-Charentes payait ses factures. En retard, mais elle les payait ! », jure-t-il. A l’entendre, il aurait « passé l’année » à refuser de financer qui « le stade de Niort », qui « la rénovation de l’hôtel de Ville de La Rochelle », etc.

« J’étais dans l’absence d’infos »

Au passage, le toujours vice-président de la Nouvelle-Aquitaine égratigne Alain Rousset, qui a surévalué le rattrapage budgétaire de 65M€ (132M€ au lieu de 197M€). « Il y avait peut-être d’autres solutions que de supprimer tous les dispositifs. Cela les supprime de fait de l’harmonisation. » Sur les emprunts dits à risques et le non-recours au Fonds de soutien ouvert par Bercy en 2014, là encore, Jean-François Macaire a une explication plutôt… étonnante. « Les services ne l’ont pas jugé utile. Pour ma part, j’étais dans l’absence d’informations sur un éventuel état de risques financiers… » Il ajoute que les taux d’intérêt actuels sont « maîtrisés »

Fort de tous ces éléments -son argumentaire complet est consultable ici-, le successeur de Ségolène Royal rue de l’Ancienne Comédie n’a « pas l’intention de démissionner ». Quitte à rester vice-président, sans délégation ni indemnités ? « Cette vice-présidence, elle est à la mémoire de Poitou-Charentes. Tout le monde a envie de tourner la page, moi le premier. Mais je ne veux pas entendre dire que Poitou-Charentes est un fardeau. C’est au contraire une richesse, y compris fiscale. »

(*) Taxe intérieure sur les produits de consommations énergétiques.


Retrouvez, dans notre prochain numéro, un article détaillé sur les comptes de Poitou-Charentes. 

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