Des mots pour le dire

Philippe Arlin. 55 ans. Sexologue. Partage sa vie entre Paris et Poitiers. Auteur du livre « Sexuellement incorrect » (*), préfacé par Brigitte Lahaie. Thérapeute, mais pas que…

Arnault Varanne

Le7.info

Les auditeurs de RMC (hier) et de Sud Radio (aujourd’hui) connaissent sa voix par cœur. Philippe Arlin officie depuis une quinzaine d’années « dans le poste », au côté de Brigitte Lahaie. L’ancienne star du X, reconvertie en confidente des ondes, est une proche du sexologue poitevin. Les deux « amis » ont d’ailleurs défloré ensemble le sujet de la sexualité à une heure de grande écoute. C’était en 2001 et la première de « Lahaie, l’amour et moi » n’a jamais été diffusée. « Elle avait été censurée parce que nous avions prononcé le terme de sodomie à l’antenne. La direction était morte de trouille, ce que je comprends avec du recul… »

En dépit de ce faux-départ, le succès populaire a été au rendez-vous. Dans l’intimité de son cabinet de la rue des Feuillants, cet infatigable militant de la lutte contre le sida regarde cependant l’agitation médiatique avec un peu de recul. Car même s’il fait actuellement la tournée des rédactions pour promouvoir « Sexuellement incorrect, libérez votre désir, le sexe n’a pas de genre ! », Arlin n’oublie pas d’où il vient. « J’ai commencé ma carrière de psychologue dans les hôpitaux, au côté des malades du Sida. Je les accompagnais, ainsi que leurs proches et familles. » En 1996, embauché par Sida Info Service, il parfait ses qualités d’écoutant, via les lignes Azur et le numéro vert de l’association. « D’où mon aisance à la radio… »  

Je montre facilement au créneau

Insondable et froid de prime abord, le Poitevin d’origine se laisse cependant aller à la confidence. Reconnaît « son impatience » dans certaines situations. Sa propension à « prendre le pouvoir avec les mots ». Son aversion vis-à-vis de « toute forme d’injustice ». « Quand c’est le cas, je monte facilement au créneau et j’ai du mal à en descendre. J’ai un côté militant-guerrier. J’aime bien en découdre avec les mots et ce n’est pas toujours utile. Je pourrais m’améliorer là-dessus. Des fois, j’ai un côté coq, que je dénonce par ailleurs. »

Un poil provocateur, il met cependant en balance ces « petits défauts » avec sa « qualité d’écoute », sa grande « tolérance » et une sensibilité pas feinte. Comme tout un chacun, Philippe Arlin joue parfois un rôle. Et du reste, il aurait pu embrasser une vraie carrière d’acteur au regard de son parcours. Au conservatoire d’art dramatique de Rouen, ce fils de receveur des PTT et de mère au foyer a côtoyé Virginie Lemoine et Valérie Lemercier. Leurs trajectoires ont dévié dans les grandes largeurs. Aucun regret n’affleure. « Au fond, je crois que j’ai toujours été curieux de l’autre », renchérit-il. Par-delà le soutien aux malades du VIH, le thérapeute se définit également comme un farouche militant de la cause féministe. « On est malheureusement dans une société sexiste, où la libération de la femme est un leurre. Le sexisme engendre l’homophobie, la haine de celui qui fait la femme… L’homophobie, c’est juste une misogynie décalée. » Il le sait, ses prises de position sont loin d’être partagées par tout le monde. Du reste, il lui aura fallu quatre ans pour « accoucher » de son dernier livre. « A un moment donné, je me suis posé la question de l’intérêt de ce bouquin. Peut-être que ce que j’avais à dire n’était pas intéressant… »

Au final, « Sexuellement incorrect » existe désormais dans le paysage littéraire. Avant la préface de Brigitte Lahaie, l’auteur y a apposé un « mantra sanskrit dédié à Ganesh ». Dans l’hindouisme, ce symbole est censé transformer tous les obstacles intérieurs et extérieurs en succès. La voix(e) à suivre, assurément, pour ce passionné d’ésotérisme, baigné plus jeune dans la culture indienne.

(*)Editions de la Martinière, 253 pages. Prix public : 17,50€. 

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