A égalité devant la PMA

Jusque-là réservée aux couples hétérosexuels, la Procréation médicalement assistée (PMA) devrait être ouverte à toutes les femmes en 2018. Justine et Adeline ont déjà franchi le pas, en se rendant dans une clinique espagnole. Les deux Poitevines racontent leur parcours.

Florie Doublet

Le7.info

Elles couvent leur bébé du regard. Depuis quatre mois, ce nouveau-né les comble de bonheur. Mariées en mai 2015, Justine et Adeline voulaient concrétiser leur désir d’enfant. Les deux Poitevines de 24 et 26 ans ont donc parcouru plus de cinq cents kilomètres pour bénéficier d’une Procréation médicalement assistée (PMA) en Espagne. « Nous avons été parfaitement accompagnées. L’équipe médicale parlait même le français », racontent-elles.

Comme Justine et Adeline, de nombreuses femmes célibataires ou homosexuelles s’orientent vers des cliniques étrangères, de l’autre côté des Pyrénées ou en Belgique, pour devenir mères. Une situation que déplore Marlène Schiappa. La semaine dernière, la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes a annoncé que la PMA serait ouverte à toutes les femmes -et non plus aux seuls couples hétérosexuels- dès 2018, dans le cadre de la révision de la Loi Bioéthique. « C’est une question de justice sociale », a t-elle avancé(1).

Le Comité consultatif national d’éthique et l’Académie de médecine se sont déjà prononcés en faveur de la « PMA pour toutes ». Mais ces avis favorables n’ont aucune force de loi. « Cela ne se décide pas comme le remboursement d’un médicament », explique le docteur Martine Dugué-Maréchaud. La gynécologue du CHU de Poitiers participera, ce mardi, à un café-éthique sur le thème « Indications sociétales de la Procréation médicalement assistée : où en sommes-nous ? »(2).

Elaborer un cadre légal 

La professionnelle de santé est aux premières loges de ce débat. « Je reçois régulièrement des femmes qui ont suivi un parcours de PMA à l’étranger, assure-t-elle. Evidemment, le sujet est sensible car il touche à la définition même de la famille. Qu’est-ce qu’être parent ? L’enfant est-il un droit ? La question de la filiation et des origines va également se poser puisque les dons de gamètes et d’ovocyte sont anonymes.»

Justine et Adeline ont fait le choix de ne rien cacher à leur fils. « Quand il sera en âge de comprendre, nous lui expliquerons simplement qu’il existe plusieurs schémas de famille. C’est notre enfant à toutes les deux, un enfant aimé et désiré. » Reste qu’aux yeux de la loi, seule Justine, qui a porté le bébé, en est la mère. Adeline doit l’adopter pour bénéficier des mêmes droits. « En attendant, notre enfant n’est même pas sur le livret de famille. »

Les deux jeunes femmes se tiennent volontairement éloignées des débats sur la PMA. « Je ne veux plus entendre les propos hyper violents tenus par La Manif pour tous », tranche Justine. Son épouse acquiesce. « Nous sommes en 2017, la PMA peut rendre des familles heureuses, pourquoi s’en priver ? »

(1)Son collègue de l’Intérieur Gérard Collomb a indiqué que « ce n’était pas une priorité ».

(2)Mardi 19 septembre, à 18h, au pavillon Aristide Maillol du CHU de Poitiers. Inscriptions au 05 49 44 40 18.

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