« Ici, on peut se lâcher, pleurer, rire… »

Une fois par mois, des femmes atteintes d’un cancer du sein se retrouvent autour d’un café, au Fief de Grimoire (*). Entre rires et larmes, elles se comprennent et se soutiennent. « Essentiel » dans le processus de guérison, dixit Manuella, 45 ans. Récit de ses derniers mois bouleversés par la maladie.

Arnault Varanne

Le7.info

Juin 2017
« J’ai ressenti une grosseur sur un sein, qui m’a conduite à tout de suite consulter. Le diagnostic a très vite été établi et le ciel m’est tombé sur la tête, sachant que je n’ai pas d’antécédents familiaux. Le fait de l’annoncer à mon mari et à mes deux enfants a été compliqué. Tout de suite, je me suis dit qu’il fallait que je me batte pour moi-même, mais aussi pour eux. »

L’évolution de son cancer
« Au départ, j’étais complètement perdue, désemparée, mais j’ai été bien accompagnée. On m’a opérée deux fois. J’ai eu de la chimiothérapie de septembre à fin janvier, j’attaque la radiothérapie. On m’a annoncé que je n’avais plus de cellules cancéreuses. C’est un soulagement énorme, une renaissance ! »

La perte de cheveux
« Dans un premier temps, je les ai fait couper très court. Et puis, après la deuxième chimiothérapie, j’ai demandé à la coiffeuse qu’elle me rase la tête. Ça a été un moment difficile parce que, là, j’ai renvoyé l’image d’une femme malade. Le regard des autres est compliqué… Mais je n’ai pas voulu de perruque, j’ai préféré un turban. »

Son état d’esprit
« Je vais bien, j’ai essayé de continuer à avoir une vie à peu près normale. Bien sûr, j’ai arrêté de travailler (Manuella est téléconseillère dans un centre d’appels, ndlr), mais je cours et je fais du vélo lorsque je ne suis pas trop fatiguée. Je suis quelqu’un d’extrêmement positive. Ce qui me rendrait malheureuse, c’est de voir mes proches malheureux. »

« Ah bon maman, t’as pas le moral ?! »
« Il y a peu de temps, une amie m’a demandé comment j’allais. Je lui ai dit que cela m’arrivait de ne pas avoir le moral. Et mon fils (13 ans) de répondre : « Ah bon maman, t’as pas le moral des fois ? Ça ne se voit jamais. » J’ai trouvé cela chouette qu’il dise ça ! »

Les cafés de Grimoire
« Ici, on peut se lâcher, pleurer, rire, dire des choses qu’on ne pourrait dire à ses proches. J’échange avec des femmes que je n’aurais jamais rencontrées dans un autre contexte. On est toutes là pour la même chose. »

Sa conclusion
« Je ne me rendais pas forcément compte que les choses essentielles étaient là, sous mes yeux. Je remercie mon mari et mes enfants d’être aussi attentionnés. Je savais que je les aimais, mais là encore plus ! J’ai beaucoup de chance… »

Cafés de Grimoire, plus d’infos auprès de Valérie Dubois ou Patricia Guigné au 05 49 61 70 65 (71 28).

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