Au chevet des hérissons

Il n’est pas rare de les voir s’aventurer dans les champs et dans nos jardins, souvent au mépris du danger. Depuis plusieurs années, Patrice Chollet recueille des hérissons en difficulté, à son domicile de Coulombiers, au sud de Poitiers.

Steve Henot

Le7.info

Sur les tables, des pipettes de nourriture et des médicaments en nombre. Au pied du canapé, deux jeunes hérissons -trois semaines tous deux- font la sieste dans une boîte, enveloppés dans des couvertures. Pour un peu, on se croirait dans un cabinet vétérinaire. Depuis 2016, le domicile de Patrice Chollet, à Coulombiers, est officiellement reconnu centre de soins pour hérissons par la préfecture de la Vienne. Un certificat que l’enseignant en mathématiques a obtenu au terme de plusieurs mois de formation. « Je l’ai fait pour rentrer dans les clous de la loi (*) », plaide-t-il.

Adolescent, déjà, il avait pris l’habitude de recueillir et de soigner des individus en difficulté. Un réflexe naturel pour lui. « Je pense que ça vient de mon éducation à la campagne », confie Patrice Chollet, avec pudeur. Apprenant sur le tas, il a surtout pris la mesure du rapide déclin de l’espèce. En 20 ans, la population de hérissons en France aurait chuté de 70 %. « Les scientifiques craignent leur disparition d’ici 2025, mais je pense que ça ira beaucoup plus vite que ça… Si je suis pessimiste ? Non, je suis réaliste. » Mais certainement pas résigné.

Deux mois de salaire chaque année

Chaque année, Patrice Chollet s’occupe en moyenne de 80 hérissons, avec une capacité d’accueil de 15 individus. « Exceptionnellement, j’en ai eu 22 cet hiver. Nous avons été vite débordés. » En France, ils sont 53 « capacitaires », comme lui, habilités à prendre en charge les petits mammifères en difficulté. « Cela reste un nombre dérisoire par rapport aux besoins. C’est tout le paradoxe : il y a de moins en moins de hérissons, mais nous en récupérons de plus en plus. Il n’y a pas un week-end où je n’ai pas un appel. »

Quand il ne soigne pas, Patrice Chollet s’affaire dans son jardin pour rénover l’abri de ses six résidents permanents, lesquels ne sont plus aptes à être relâchés dans la nature. Et quand il ne peut s’occuper lui-même des animaux, c’est sa famille qui prend le relais. « Mais on ne refuse jamais une bonne volonté. » Cette passion, bénévole, il la reconnaît volontiers « chronovore », comme il dit. Mais aussi, relativement onéreuse. « La nourriture, les médicaments… Cela représente à peu près deux mois de salaire, tous les ans. »

Par son action, Patrice Chollet s’attache surtout à sensibiliser le grand public à la protection des hérissons, mammifères discrets. Et s’il y a encore du chemin à faire, il se réjouit de constater « une plus grande prise de conscience, qui n’existait pas il y a encore dix ou quinze ans. Il nous faut faire en sorte que chacun puisse limiter l’impact négatif sur la nature, comme arrêter les poisons du type strychnine ».

(*) En France, il est interdit de détenir un animal classé parmi les espèces sauvages et protégées. Le hérisson est considéré comme une espèce protégée depuis un arrêté de 1981. Contact : Patrice Chollet au 06 60 28 29 05 ou page Facebook « Les Amis des hérissons de Poitiers-Sud».

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