Brice Donat sans filet

Brice Donat. 42 ans. Entraîneur du Stade poitevin volley beach depuis 2013. Picard d’origine, ce fils de président de club de… volley et ancien passeur de bon niveau étanche sa soif de succès grâce à un investissement de tous les instants.

Arnault Varanne

Le7.info

Comme d’habitude, il avait préparé la reprise de ses protégés aux petits oignons. Et (presque) comme d’habitude, il doit gérer une cascade d’imprévus dont il se serait bien passé. A presque un mois du coup d’envoi de la Ligue A, le 13 octobre face à l’ogre Chaumont, Brice Donat est sur le pont « jour et nuit » pour dénicher deux nouveaux joueurs et palier ainsi l’absence sur blessure du libéro Fred Barais (pneumothorax) et du pointu Vaianuu Mare. Le « chef d’orchestre » du Stade poitevin volley-beach reste serein, même si le forfait du Tunisien Ismaël Moalla avait déjà assombri le tableau. 

« Il y a quelques années, j’aurais sans doute été dans un autre état, admet-il. Mais aujourd’hui, plus rien ne m’étonne, plus rien ne m’effraie. Je sais qu’on trouve toujours des solutions. » Son tempérament d’éternel optimiste, le natif de Saint-Quentin le doit à ses parents, notamment son père « très impliqué dans le milieu associatif », qui a hissé le club local « de la Départementale à la Ligue A ». Brice y a passé -au sens propre comme au figuré- une paire d’années, avant de filer à Orange, Sète puis d’accepter le challenge du Stade poitevin post-relégation dans l’Elite. Entre le champion de France 2011 et le « Fatal Picard », l’idylle se prolonge. Comme quoi, l’amour dure parfois plus de trois ans. Du reste, en rédigeant son projet de Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (Jeps), il avait vu juste : « 2018, le SPVB s’attaque à l’Europe. » Bien vu puisque le club va retrouver la Challenge cup cette saison. 

« Faire beaucoup avec peu »

Chez les Donat, l’ambition se cultive au pluriel. Brice a longtemps eu, en parallèle de sa carrière de joueur, une boîte de structures gonflables. Il l’a revendue en 2011, mais conserve « une petite activité de locations de carrousels ». « Mon frère est à la tête d’une entreprise de plus de 20 salariés », ajoute-t-il. Le « team manager » du SPVB aime les responsabilités et les challenges, a fortiori lorsqu’ils sont transformés en succès. Habitué à « faire beaucoup avec peu de moyens », il adore mettre des joueurs dans la lumière. Nimir, ex-passeur reconverti en pointu, a terminé meilleur marqueur du championnat italien, après avoir éclaté à Lawson-Body. Mohamed Al Achadadi a lui aussi traversé les Alpes, marquant de son empreinte la Ligue A. 

Alors, bien sûr, le style Donat, mélange de verticalité et de détermination, en a froissé certains. A quarante piges passées, l’intéressé se défend. « Vous savez, les groupes de la saison dernière et de la saison encore d’avant se parlent toujours sur What’s app. C’est bien la preuve que les gars restent marqués positivement par ce qu’ils ont vécu ici. » L’ancien passeur reconnaît volontiers être « attaché à tous les petits détails ». « Je suis attentif à ce que mes joueurs mangent, à leurs discussions, à la façon dont ils sont logés, dont se créent les affinités. Je suis persuadé que sans solidarité, il n’y a pas de performance. » Parce qu’il « vise haut », le père de famille (une fille de 13 ans, deux garçons de 8 et 5 ans) a sacrifié une partie de ses vacances estivales pour observer l’équipe de France A’ de l’intérieur. Il ne regrette rien, au contraire, même si la fin de l’été lui donne plus de fil à retordre. En même temps, l’arrivée du petit prodige russe Konstantin Abaev à la passe (19 ans), tout frais champion d’Europe et MVP du tournoi, le réjouit. Son binôme avec le pointu allemand Schops pourrait faire des ravages sous nos contrées. Mais en attendant de les voir évoluer à Lawson-Body, leur coach doit compléter son effectif. Son complice Laurent Lecina parti à La Rochelle, il peut compter sur… « (s)a femme ». « C’est mon adjoint, elle m’aide beaucoup, plaisante-t-il. Plus sérieusement, je lui demande souvent des conseils sur plein de choses. » A Poitiers, les Donat ont trouvé un terrain d’épanouissement à leur mesure. Une famille le SPVB ? La réponse est dans la question ! 

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