Radars mobiles avec chauffeurs privés

Fin 2020, quatre nouvelles régions, dont la Nouvelle-Aquitaine, seront dotées de voitures-radars conduites par des sociétés privées. Des associations d’automobilistes préfèrent parler de « véhicules espions privatisés ».

Romain Mudrak

Le7.info

L’appel d’offres a été publié le 13 janvier, la date et l’heure limites de remise des offres fixées au 28 février à midi. Le déploiement de radars embarqués dans les véhicules de sociétés privées se profile pour la fin d’année en Nouvelle-Aquitaine. La région fait partie de la troisième vague de ce dispositif, lancé au printemps 2018 en Normandie et étendu en janvier à la Bretagne, aux Pays-de-la-Loire et au Centre-Val-de-Loire.

Selon le site radars-auto.com, quarante-trois radars mobiles pourraient être mis en circulation en Nouvelle-Aquitaine, dont trois dans la Vienne, ce qui correspond à leur nombre actuel au sein de la gendarmerie et de la police nationale. « Pour l’heure, leur nombre n’est pas fixé, assure-t-on à la Délégation de la Sécurité routière (DSR). Il est régional et non départemental : les véhicules pourront circuler d’un département à l’autre. »

Le marché initial, d’une durée de douze mois, comprend la possibilité de trois reconductions tacites d’une année avec, en moyenne, un budget alloué par l’Etat de 2M€ par an et par région. « Les forces de l’ordre seront dessaisies de cette mission », note Julien Pailhère. Les itinéraires seront établis par la DSR, « en s’appuyant sur les études d’accidentologie ». Le directeur de cabinet de la préfète de la Vienne envisage la mise en place d’une commission dédiée.

Des flashs incognito
Saisi par l’association 40 Millions d’Automobilistes qui dénonçait « un prêt de main-d’œuvre à but lucratif », le Conseil d’Etat a, en décembre dernier, jugé légale la mise en place de ces voitures-radars pouvant circuler jusqu’à six heures par jour.

« Il existe beaucoup d’autres solutions alternatives possibles, répond Xavier de Boysson. La formation initiale dans la scolarité et des formations tout au long de la vie auraient par exemple une bien meilleure efficacité pour faire durablement baisser la mortalité routière. » Le représentant de l’Automobile-club de l’Ouest dans la Vienne, et à ce titre membre de 40 Millions d’Automobilistes, déplore un « objectif purement financier ». « Nécessairement, cela incitera à faire rouler le plus possible les véhicules pour maximiser les profits. Donc les sociétés privées y seront un jour financièrement intéressées. »

Sur le site du ministère de l’Intérieur, il est précisé que « les sociétés privées désignées pour la conduite des voitures-radars ne sont en aucune manière rémunérées en fonction du nombre de flashs effectués pendant le temps de la conduite ». Les données atterrissent directement au Centre national de traitement. « Si le prestataire en effectue plus, non seulement il ne verra pas sa rémunération augmenter, mais il devra payer une lourde pénalité. » Le prestataire pour la Nouvelle-Aquitaine sera désigné en juin.

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