Akira, chef-d'œuvre intemporel

Près de trente ans après sa sortie initiale en France, Akira s’affiche de nouveau au cinéma, cette fois en ultra haute définition. L’occasion de (re)voir ce bijou d’animation, dystopie violente dont le propos demeure toujours aussi pertinent.

Steve Henot

Le7.info

2019. Trente-et-un ans après l’explosion qui l’avait détruite et provoqué la Troisième guerre mondiale, la capitale du Japon semble enfin avoir retrouvé sa prospérité d’antan. Rebâtie sur les cendres de l’ancienne ville, Néo-Tokyo s’apprête d’ailleurs à recevoir les 30es Jeux olympiques. Mais de l’intérieur, la mégalopole futuriste est en réalité rongée par la corruption de ses élites, un chômage sans précédent et une délinquance profonde. A l’issue d’une course poursuite avec un gang rival, Tetsuo est victime d’un accident de moto, manquant d’écraser un mystérieux enfant, au visage de vieillard. Blessé, le jeune homme est conduit par l’armée dans un laboratoire où il fait l’objet d’une batterie de tests scientifiques. Lorsqu’il se réveille, l’adolescent se découvre un pouvoir surpuissant. Dans sa tête, un nom inconnu résonne et l’obsède : « Akira ».

 

S’il n’a heureusement rien eu de prophétique, Akira reste à tout le moins une œuvre prodigieusement visionnaire. Sombre et violent, ce film d’animation japonais de 1988 illustre comme aucun autre le désenchantement, la perte de repères et la fureur d’une génération sacrifiée, sous le poids des inégalités. Les scènes de rébellion sont d’un réalisme d’autant plus saisissant aujourd’hui qu’elles résonnent avec nombre d’images récentes. Le thème majeur, l’angoisse face à la force destructrice du nucléaire et surtout la question de son contrôle, reste palpable et d’actualité (cf. l’incident de Fukushima en 2011). Preuve que l’aura d’Akira demeure intacte. Sa remasterisation en ultra haute définition (« 4K ») permet de l’appréhender dans les meilleures conditions, sublimant au passage son sens fou du détail et sa richesse visuelle. Le meilleur des écrins pour ce pivot de l’animation nippone.

 

Animation de Katsuhiro Ôtomo, avec les voix de Mitsuo Iwta, Nozomu Sasaki, Mami Koyama (2h04)

 

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