Aujourd'hui
Vous êtes-vous déjà demandé d’où venaient les frites, pommes de terre sautées et autres purées servies à la cantine ? Peut-être de Journet où la famille Rathier cultive et transforme près de 7ha de pommes de terre. Du 100% local garanti !
Des pommes de terre fraîches et épluchées, sous vide, entières, en rondelles, en cubes ou en frites, il fallait y penser ! Agriculteur de père en fils à Journet, Stéphane Rathier s’est réveillé un matin avec l’idée que la pomme de terre, dans un contexte économique incertain, avait un bel avenir devant elle. Avec le soutien de son épouse Chrystelle et de son fils Antoine, il a donc, dès 2009, progressivement troqué la polyculture familiale contre des pieds de Caesar, Agria, Altesse, Monalisa, Rosabelle ou Anaïs à destination des particuliers et de quelques restaurateurs. Seulement voilà, la nature ne calibre pas toujours ses légumes à l’identique et le taupin, un petit ver gourmand, a décidé de s’inviter au festin. « Nous avons donc cherché une façon de récupérer les pommes de terre difformes », explique Stéphane Rathier. Avant de se lancer dans la transformation, l’agriculteur est allé se renseigner dans le Nord et en Belgique, l’autre pays de la pomme de terre. En 2016, l’éplucheuse et la trancheuse ont rejoint la planteuse, l’arracheuse et tout le matériel pour « butter » les tubercules. Restait à trouver des débouchés pour ce marché inédit dans la Vienne.
Diversification
Via la plateforme Agrilocal86, les « Pommes de terre du Bois », du nom du lieu-dit où elles poussent, ont doucement acquis une renommée auprès des établissements scolaires. Elles sont désormais servies dans des lycées de Montmorillon, des collèges de Poitiers, la cuisine centrale de Châtellerault... Elles avaient aussi l’habitude de remplir les barquettes de frites de plusieurs festivals locaux. « Avant la crise, près d’un tiers de la production partait en frites, aujourd’hui elles représentent 20% », constate Antoine Rathier. Pour autant, la superficie consacrée à la culture des pommes de terre est passée d’1,5ha la première année à près de 7ha aujourd’hui. En temps « normal », l’exploitation écoule jusqu’à 2,5 tonnes par semaine. La majorité est transformée, une moindre part est vendue en sacs de 10 ou 25kg dans un distributeur installé route de La Trimouille, à Montmorillon.
La prédiction de Stéphane Rathier serait-elle en train de se réaliser ? L’appétence croissante des consommateurs pour les circuits courts y contribue, en témoigne aussi le succès rencontré depuis deux ans par les carottes transformées. Pour grandir, la famille Rathier envisage dès cette année de reprendre une exploitation maraîchère d’une soixantaine d’hectares à Jaunay-Marigny. Une dizaine de salariés y cultivent selon la saison des courgettes, radis noirs, céleris raves ou choux dont le sort est déjà scellé : épluchage, découpe et mise sous vide avec une date limite de consommation de sept jours pour en garantir la fraîcheur. La famille Rathier s’apprête à changer d’échelle, pas de philosophie.
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