L’hypnose, déjà connue des services

Plusieurs services hospitaliers utilisent l’hypnose, notamment pour éviter l’anesthésie générale. Mais dans le domaine de l’imagerie médicale, la pratique, développée depuis peu à Châtellerault, est inédite.

Claire Brugier

Le7.info

L’hypnose n’est pas une inconnue entre les murs des hôpitaux. Au CHU de Poitiers, elle est pratiquée en urgences pédiatrique, oncopédiatrie, cardiologie mais aussi dans le service rachis-douleur-handicap ou en gynécologie-obstétrique. L’initiative restait toutefois inédite dans un service d’imagerie médicale. Et ce même si « l’IRM est un examen anxiogène », note Christelle Tourenne. Ce constat a poussé la manipulatrice en imagerie médicale, en poste à l’hôpital de Châtellerault, à chercher des solutions afin que claustrophobie et angoisses diverses ne perturbent plus l’agenda et le déroulé des consultations. 
« Nous perdions des créneaux. Soit les gens ne venaient pas, soit ils refusaient une fois sur place, sonnaient pour interrompre l’examen ou bougeaient, ce qui rendait les résultats inexploitables. Or, pour certains, comme la prostate, il n’existe pas d’examen de substitution. »

En 2015, lors d’un congrès médical, Christelle Tourenne a découvert les vertus de l’hypnose. Restait à faire entrer la pratique là où elle n’était jamais allée. Une étude menée pendant quatre mois ayant démontré que l’IRM est un parcours difficile pour 6% des patients, la manipulatrice radio s’est lancée dans une formation de maître praticienne en hypnose. Depuis octobre dernier, la pratique est pleinement intégrée au planning du service. A raison d’une journée par semaine, Christelle Tourenne a déjà reçu près de deux cents patients qui viennent parfois de loin. « Je les accompagne à un instant T, pour les aider à décaler leur état de conscience. Ce n’est pas un endormissement, c’est une discussion. J’emmène les personnes dans leur endroit ressource, un concert, une promenade avec leur chien… En prenant soin de ne jamais rompre l’état d’hypnose. »

Concentration

Dans le bloc opératoire du service rachis-douleur-handicap du CHU de Poitiers, le Dr Chantal Wood, médecin de la douleur et hypnothérapeute, propose l’hypnose en stimulation médullaire, une technique chirurgicale qui consiste à mettre en place une sonde contre la moelle épinière. « J’accompagne les personnes avec ma voix, mais certaines peuvent s’échapper pour aller écouter le geste chirurgical. C’est pourquoi j’utilise également l’interaction avec les doigts, je leur demande de parler. L’hypnose n’est pas un lâcher-prise mais, au contraire, un état de concentration. »

Efficace sur l’instant, la pratique, basée sur la confiance, a aussi des effets à plus long terme sur la mémoire émotionnelle. « En fin d’intervention, on distille des suggestions positives que les patientes pourront réactiver lors de leur parcours de soins, qui peut parfois être long », explique le Dr Florence Nemoz, anesthésiste en gynécologie-obstétrique où l’hypnose peut être utilisée lors d’un accouchement comme lors d’une chirurgie du sein, une hystéroscopie... Ici comme là, la pratique évite aussi les désagréments et temps de réveil inhérents à une anesthésie générale.

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