Les difficultés de recrutement seront au cœur des débats de l’Université d’été du Conseil de l’Ordre des experts-comptables de Nouvelle-Aquitaine, qui se déroulera le 16 septembre prochain, à Messanges dans les Landes.

Laurent Brunet

Le7.info

On estime à une ou deux personnes en moyenne les besoins en recrutement insatisfaits des cabinets comptables de Nouvelle-Aquitaine. Et à cinq, six, voire huit collaborateurs, ceux des plus grosses structures. C’est dire si l’enjeu est important pour la profession qui a décidé de dédier sa prochaine Université d’été, le 16 septembre, à Messanges dans les Landes, à ce sujet de préoccupation majeur.

Destiné à favoriser le débat et les échanges, ce rendez-vous incontournable rassemblera des experts-comptables venus des douze départements de la région Nouvelle-Aquitaine. La journée sera rythmée par des conférences, des ateliers et des illustrations ludiques permettant de mieux appréhender la gestion des ressources humaines : les nouvelles approches de recrutement, l’importance du management dans la fidélisation des collaborateurs, la responsabilisation des équipes, la marque employeur et son influence…

Comment expliquer ces difficultés de recrutement et le manque d’attractivité de la profession ? Les raisons sont multiples, estime le spécialiste de la question RH, Bruno Gratian, directeur du centre de formation des experts-comptables et commissaires aux comptes, qui a participé à la préparation de l’Université d’été. « Pendant la crise du Covid-19, beaucoup ont changé de voie ou donné un nouveau sens à leurs priorités. Les professions en manque d’attractivité, comme la nôtre, ont payé un lourd tribut à ces envies d’ailleurs, à cette nouvelle perception de la qualité de vie, au travail comme à la maison. »

Ajoutez à cet état de fait une rémunération inférieure, de 20% en moyenne, à celle proposée par les entreprises pour les premières années d’exercice, et vous comprendrez pourquoi les cabinets peinent à séduire. « Le pire, poursuit Bruno Gratian, c’est que ce manque d’attractivité s’observe dès l’école. A l’IAE de Pau, par exemple, la proportion d’élèves en comptabilité audit et contrôle de gestion était de l’ordre de deux tiers-un tiers il y a encore cinq ans. C’est le contraire aujourd’hui. C’est d’autant plus décevant que les perspectives d’évolution sont légion et les métiers de la filière comptable riches et variés. »

Alors que faire pour inverser la tendance ? Revoir sa copie en profondeur, estime Mathieu Galibert, Vice-Président de l’Ordre en charge du Pôle service aux confrères. Aussi bien sur les modes de recrutement que sur les méthodes de management. « En matière de RH, la donne a changé. C’est au manager de se vendre et au candidat de choisir. Le projet individuel et familial, l’équilibre entre vies professionnelle et personnelle, l’ambiance dans laquelle on va évoluer, le contexte dans lequel on va s’épanouir, sont devenus souvent plus importants que la qualité et l’intérêt du poste. Aujourd’hui, on s’autorise à refuser un poste si les conditions précitées ne sont pas réunies. »

Plus que jamais, donc, le manager doit s’adapter, pour trouver le juste équilibre entre l’accompagnement du projet de vie du candidat et la qualité de son expertise technique. Parce que de nos jours, la notion d’humanité est essentielle, l’écoute et l’échange approfondis s’imposent non seulement comme des préalables à toute embauche mais aussi comme des règles de management au quotidien. « Les salariés, confirme Bruno Gratian, nous le disent : ils ont besoin d’être entendus… Autant que les clients !) » 

Prendre le temps d’accompagner et d’intégrer, de dialoguer et de conseiller… Telle est la base de la nouvelle dynamique qu’il importe d’insuffler. « Plus que jamais, résume Mathieu Galibert, les experts-comptables doivent apprendre à faire coexister au sein de leur cabinet les valeurs de la profession libérale et une attitude d’entreprise de service ouverte à différents profils. »

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