L’argent de la mosquée se fait prier

Faute de moyens financiers suffisants, la construction définitive de la mosquée de Poitiers, prévue fin 2010, prendra plus de temps que prévu.

Christophe Mineau

Le7.info

Les temps sont durs pour tout le monde. Les projets immobiliers n’échappent pas, loin s’en faut, à la crise économique et financière qui sévit depuis deux ans. A quelques pas du centre-ville de Poitiers, rue de la Vincenderie, sur la commune de Buxerolles, le minaret de 22 mètres, érigé et doré depuis plusieurs mois,  ne saurait masquer la réalité.La construction de l’édifice religieux de la communauté musulmane de Poitiers se poursuit, mais à un rythme bien moins soutenu qu’aux prémices. Le chantier est même quasiment à l’arrêt depuis près de six mois, alors que les travaux de gros oeuvre et la mise hors d’eau du bâtiment (2 000 m2 sur quatre niveaux) sont achevés. “Il nous faut désormais poser les menuiseries, ce qui sera fait dans les semaines à venir, détaille Boubaker El Hadj Amor, l’imam de Poitiers. Ensuite, les divers corps d’état (plombiers, chauffagistes, électriciens, peintres, carreleurs…) pourront intervenir.” Mais aujourd’hui, le patron des musulmans de Poitiers ne se berce pas d’illusions : l’argent manque. Estimé à 1,5 million d’euros à l’origine, le coût de la construction avoisinera au final les 2 millions.
 

650 000 € à trouver

Ce dépassement n’a rien d’extraordinaire pour un bâtiment d’une telle ampleur, mais il pose problème à celui qui porte le projet à bout de bras depuis le début des années 2000. “Nous sommes dans l’incertitude financière, mais les travaux iront à leur terme. C’est simplement une question de temps. La seule chose que je peux affirmer, c’est que l’achèvement de la mosquée, prévu à l’origine fin 2010, n’interviendra probablement qu’un an plus tard.”
D’ici là, l’imam devra trouver la bagatelle de 650 000 €. Un défi de plus à relever. Boubaker El Hadj Amor l’admet volontiers. Il ne pourra pas compter uniquement sur ses fidèles pour boucler le financement de sa mosquée. “La communauté des musulmans de Poitiers (estimée à 7 000 membres) n’est pas assez riche pour y parvenir.”
Il va donc falloir que ce dernier use de toute son influence pour convaincre ses amis de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) de remettre la main à la poche.

 

L’UOIF généreux contributeur
L’UOIF a déjà versé un peu plus d’un million d’euros dans la construction de la mosquée de Poitiers. “Actuellement, l’UOIF finance la construction d’une dizaine de mosquées en France, souligne Boubaker El Hadj Amor. A chaque fois, sa participation tourne autour de 75 à 80%.” L’imam de Poitiers espère donc inciter ses frères musulmans à se montrer encore plus généreux. Les fidèles de la communauté poitevine, qui ont déjà apporté un peu plus de 200 000 € à ce jour, pourront-ils aider à boucler le budget ? Il est en tout cas prévu que certains mettent la main à la pâte lors des travaux de finition et de décoration.

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