Le meilleur et le pire de l’histoire de la Terre

Trois éminents chercheurs de l’université de Poitiers viennent de publier Comment tout a commencé sur la Terre. Entre roman, BD et manuel scientifique, cet ouvrage retrace de façon originale l’apparition de la vie sur notre planète et l’impact (néfaste) de l’Homme sur la biodiversité.

Romain Mudrak

Le7.info

Un livre dessiné à la main
Abderrazak El Albani et Alain Meunier sont professeurs de géologie à l’Institut de chimie des milieux et des matériaux. Roberto Macchiarelli est professeur de paléoanthropologie. Ces trois chercheurs de l’université de Poitiers viennent de publier Comment tout a commencé sur la Terre, un ouvrage inédit sur les origines de la vie sur Terre, intégrant leurs propres découvertes. Souvenez-vous, l’équipe dirigée par le premier cité a mis au jour, au Gabon en 2010, des organismes multicellulaires vieux de 2,1 milliards d’années. Jusque-là, les scientifiques mondiaux s’accordaient à dater l’émergence de la vie sur Terre à 530 millions d’années... Tous les trois ont confié l’illustration de ce livre original à une caricaturiste du Canard enchainé. « C’était une idée de l’éditeur Humen Sciences, admet le Pr El Albani. Adelinaa est venue au laboratoire, on lui a montré notre collection de fossiles unique au monde, elle a vraiment adhéré au projet. Nous voulions un livre accessible au grand public, avec des anecdotes de recherche et de l’humain. » Rédigé entièrement à la main, cet ouvrage ressemble au carnet de bord d’un explorateur qui aurait noté ses idées pour ne pas les oublier, dessiné les croquis de ses observations et caricaturé, juste pour rire, les grands noms de l’histoire de l’évolution, Darwin et Jean-Baptiste de Lamarck en tête.

Une biodiversité « consciencieusement simplifiée »
La Terre a 4,5 milliards d’années. Toute son histoire est retracée dans ce livre, le meilleur et le pire. Jusqu’à l’arrivée des premiers hominidés, une belle harmonie existait entre la Terre et le vivant. Les cycles de périodes glaciaires et interglaciaires se succédaient naturellement, provoquant un flot de crises biologiques. Reste que l’humain a tout bouleversé. « Dès le début, nous avons impacté la biodiversité mais le phénomène s’est amplifié après la Révolution industrielle, poursuit le géologue poitevin. Aujourd’hui, quand on effectue une photo de la biomasse de la Terre, c’est une catastrophe. Nous avons consciencieusement simplifié le fruit de milliards d’années d’évolution. Et cela dans un laps de temps extrêmement court. »

« L’Homme est égocentrique »
Dès 1820, le naturaliste français Jean-Baptiste de Lamarck écrivait que l’Homme, par son « égoïsme », travaillait à « l’anéantissement de ses moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce » (lire p. 140). Le problème c’est que « l’Homme est égocentrique, reprend le Pr El Albani. Et les solutions politiques proposées aujourd’hui ne reviennent pas là-dessus. »

Vers la 8e extinction
Ces trois chercheurs poitevins ont déjà identifié sept crises biologiques qui ont conduit à de vastes extinctions. La plus connue est celle des dinosaures il y a 65 millions d’années. Et Abderrazak El Albani voit poindre la huitième dans les événements que nous vivons actuellement. « Il n’y a pas de raisons que l’espèce humaine y échappe. Le problème c’est qu’on accélère par notre inconscience. »

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