Conseils d’experts pour rester en forme, chapitre II

Chaque semaine, la Chaire sport et santé nous aide à faire le tri entre bonnes et mauvaises pratiques pour limiter les effets de la sédentarité. Un webinaire permet aux internautes, tous les mercredis de 11h à 12h, de poser leurs questions à des spécialistes. Morceaux choisis du deuxième rendez-vous dédié aux maladies chroniques.

Claire Brugier

Le7.info

Le confinement, un facteur aggravant en cas de maladie chronique ?

François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes : « Dans les maladies cardiovasculaires les plus sévères, moins on bouge, moins on a de symptômes. Je suis étonné de constater que le nombre de syndromes coronaires aigus (infarctus) a diminué. Le deuxième facteur aggravant lié au confinement est la hausse de certains facteurs de risque comme le tabagisme. »

Alain Varray, professeur des universités en sciences et techniques des activités physiques et sportives à Montpellier : « Concernant les maladies respiratoires, le confinement peut accroître la dyspnée, c’est-à-dire la pénibilité respiratoire, en raison de l’anxiété mais aussi d’une inactivité importante due au confinement. Le déconditionnement qui va s’installer va accroître la dyspnée. »

Samy Hadjadj, professeur des universités et praticien hospitalier en endocrinologie-diabétologie-nutrition au CHU de Nantes : « Pour ce qui est des maladies métaboliques, les messages dans les médias sont très anxiogènes et perçus comme : « si tu as un facteur de co-morbidité, t’es foutu ». De plus, le simple fait de faire moins d’activité a un impact sur les résultats glycémiques. »

Charlotte Prunet, enseignante en activités physiques adaptées à la Maison sport santé S’Capad Santé » : « Maintenir une activité physique a un impact sur le stress. Le problème majeur est la motivation. »

Quelles préconisations pour les personnes immuno-déprimées ?

Samy Hadjadj : « La seule bonne idée est de bien respecter le confinement car ces personnes sont à plus fort risque, mais je n’ai pas de recommandations spéciales concernant l’activité physique. »

Les diabétiques doivent-ils faire du sport ?

Samy Hadjadj : « L’absence d’activité physique a un impact délétère. Il est avéré que 3 minutes de montée rapide et de descente lente des escaliers, après le repas, a un impact significatif sur la glycémie. »

Quels risques lors d’une activité physique en intérieur ?

François Carré : « L’activité physique est indispensable à l’Homme. Ceux qui bougent le moins sont ceux qui mangent le plus. Et puis, pour le moral, ne pas bouger ajoute à l’anxiété et crée une ambiance un peu lourde. Je pense que pratiquer une activité physique en famille pourrait détendre l’atmosphère. »

Samy Hadjadj : « On peut sortir pendant l’heure autorisée, mais cela doit rester une heure d’isolement par rapport aux risques de contamination. »

Alain Varray : Il ne faut pas que l’activité physique soit l’occasion de rompre l’isolement. »

Comment trouver ou garder la motivation ?

Charlotte Prunet : « A la Maison sport santé, on propose une éducation thérapeutique. On travaille sur la motivation à travers différentes solutions. Cela peut passer par le lien avec l’éducateur, en créant un rendez, comme Cyril Lignac et ses rendez-vous culinaires, des défis, des séances en live, des cours privés... »

Quelle reprise de l’activité physique après avoir contracté le Covid-19 ?

François Carré : « Les personnes sortent de la maladie très déconditionnées. Oui, vous devez reprendre une activité physique mais modérée, sans trop augmenter l’activité de ventilation. »

Alain Varray : « L’étude menée à la suite de l’épidémie de Sras (ndlr, syndrome respiratoire aigu sévère, 2003) a laissé une zone d’inconnues majeures, mais elle a mis en avant deux cas de figures : pour les personnes affectées étant allées jusqu’en réa, il faut trouver les modalités d’une pratique qui évite de les mettre en situation de danger. Pour les personnes affectées à domicile, il est conseillé la pratique d’une activité physique très douce au départ pour éviter une fatigabilité accrue. »

Comment réduire l’effet du confinement sur les personnes stressées ?

Samy Hadjadj : « Les applications de pleine conscience sont intéressantes pour améliorer le stress ressenti. Les hommes ne sont souvent pas prêts à aller vers ces applications alors que  certaines ont été mises au point pour combattants américains souffrant de syndromes post-traumatiques. »

Des conseils d’alimentation en période de confinement ?

Samy Hadjadj : « D’un point de vue métabolique, il faut toujours avoir une alimentation diversifiée. Il y a un risque de manger plus car on est chez soi. »

François Carré : « Pour les maladies cardiovasculaires, il faut veiller à une prise régulière des traitements, notamment par statines (ndlr, médicaments qui agissent sur la cholestérolémie). »

Webinaire, tous les mercredis, de 11h à 12h. Retrouvez le lien pour y accéder sur la page Facebook Chaire sport santé. Prochain thème abordé le 15 avril :  Mieux vivre le confinement pour les personnes en situation de handicap physique ou en perte d’autonomie.

Plus d’infos sur  http://chairesportsante.univ-poitiers.fr/erdvsportsante-n1-mieux-vivre-son-confinanement-activite-physique-nutrition-gestion-du-stress/

 

 

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