Chiens et chats, ces "culs-de-sac épidémiologiques"

Les animaux de compagnie ne transmettent pas le Covid-19. Pourtant, les vétérinaires doivent répondre au quotidien aux inquiétudes des propriétaires d’animaux de compagnie qui s’interrogent sur la contagiosité de leur compagnon à quatre pattes.

Laurent Brunet

Le7.info

« Le Covid-19 est un virus qui se transmet de l’homme à l’homme. Il n’y a absolument aucun danger qu’un chat ou un chien le transmette à son propriétaire. » Le Dr Robert Gengler est formel. Littérature médicale à l’appui, validée entre autres par l’Anses (*) et l’Organisation mondiale de la santé animale, le président du Syndicat des vétérinaires de la Vienne s’évertue au quotidien à rassurer les propriétaires de ses patients à quatre pattes. «  A la clinique, nous  avons deux lignes téléphoniques et, depuis le début de la crise, les deux sonnent tout le temps. Beaucoup d’appels proviennent de propriétaires d’animaux inquiets. »

Tant de messages erronés ont circulé sur la prétendue contagiosité des animaux de compagnie que leurs propriétaires y perdent leur latin. Pourtant, pas de quoi « fouetter un chat » et encore moins le désinfecter avec des produits corrosifs et dangereux. Surtout pas ! « Ils sont en confinement avec leur propriétaire et ont comme lui un droit de sortie. » Mieux encore, à la différence de celui-ci, ils sont considérés dans les études scientifiques comme des « culs-de-sac épidémiologiques ».

Activité réduite

Confinement oblige, les cabinets vétérinaires ont volontairement réduit leur activité ces dernières semaines. « L’Ordre national des vétérinaires a émis une liste des soins que l’on doit faire et ceux que l’on doit différer, notamment les rappels de vaccin, les opérations de convenance comme les stérilisations… », explique le Dr Gengler. Les consignes sont précises, connues de tous les professionnels mais parfois incomprises des propriétaires d’animaux. Pourquoi Chouquette serait-elle privée de son vaccin contre la parvovirose ? En raison des impératifs de confinement, tout simplement.

 

Priorité aux pathologies qui présentent un risque pour l’animal, pour lesquelles les professionnels assurent « la continuité des soins  et  des traitements ». Evidemment dans le respect des gestes barrières. « Nous n’accueillons qu’une personne à la fois dans la clinique, sur rendez-vous. Pour ce qui est des médicaments, les propriétaires d’animaux doivent nous appeler au préalable, nous convenons d’un horaire et ils nous préviennent lorsqu’ils sont arrivés sur le parking, où nous leur apportons leur commande. »

 

Réserve sanitaire

 

Les vétérinaires, comme tous les professionnels de santé, ont été sollicités, via l’Ordre des vétérinaires, pour venir étoffer la réserve sanitaire face à l'épidémie de Covid-19. En Nouvelle-Aquitaine, 507 d’entre eux se sont portés volontaires. L’effort est aussi matériel. Dans la grande région, ce sont 59 respirateurs d’anesthésie, 204 concentrateurs d’oxygène et 63 monitoring qui sont mobilisables auprès de cabinets vétérinaires.

Enfin, les laboratoires vétérinaires pourraient, sous certaines conditions dont la validation par l’Institut Pasteur, fabriquer des tests de diagnostic du Covid-19 (selon un arrêté du 15 avril), plus précisément les tests PCR et sérologiques. Pour les premiers, trois laboratoire (Idexx, Biosellal et IDVet) se seraient déjà positionnés. Selon le Syndicat de l'industrie du médicament et diagnostic vétérinaires (SIMV), les fabricants vétérinaires seraient en capacité de fournir entre 150 000 et 300 000 tests PCR par semaine et environ un million de tests sérologiques.

(*)Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

 

Le SPA rouvre les adoptions
Depuis le début de la crise, le refuge SPA de Poitiers est fermé au public. Seuls les salariés y ont accès pour s’occuper des animaux, une centaine de chiens et environ 350 chats. Le fait que le ministère de l’Intérieur ait à nouveau autorisé, depuis jeudi, les adoptions, ne change rien à ce dispositif. « Le refuge reste fermé », répète Caroline Langlois. Même en cas d’adoption, la seule visite autorisée est celle pour récupérer l’animal. « Il s’agit d’adoptions exceptionnelles qui doivent être mûrement réfléchies et pas uniquement le temps du confinement. Il faut également penser à la vie de l’animal après le déconfinement, en fonction des horaires de travail, des déplacements..., rappelle Caroline Langlois. La reprise des adoptions va nous offrir une bulle d’oxygène afin d’éviter que le refuge soit saturé. Nous avons également reçu des demandes de personnes souhaitant devenir familles d’accueil. J’espère qu’elles seront toujours présentes après la période de confinement. » Une soixantaine d’animaux du SPA bénéficient actuellement de ce dispositif.

Depuis le début de la crise sanitaire, l’activité  du refuge est stable. « La crise n’a pas suscité de demandes d’abandon pour le moment et nous avons peu d’entrées en fourrière. Mais nous recevons moins de dons, que ce soit en chèques ou en sacs de croquettes. » Or, confinement ou pas, le SPA doit faire face à des charges fixes : rémunération des salariés, achat de croquettes, frais de vétérinaire… La situation financière est donc plus que tendue et les dons sont plus que jamais les bienvenus.

Plus d’infos sur www-spa-poitiers.fr, sur la page Facebook du refuge ou par mail contact@spa-poitiers.fr.

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