Immersion dans le milieu lobbyiste

Ce soir, a lieu, à la Maison des étudiants, la sortie de résidence de la pièce Europe Connexion. Fruit d’une collaboration franco-taïwanaise pilotée par la Compagnie du Veilleur, cette œuvre qui se veut immersive porte un regard critique sur le lobby des pesticides.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Les spectateurs ont pris place dans la grande salle de la Maison des étudiants. Ce soir, comme tous les autres, ils sont cent vingt-huit. Répartis autour de la scène, tels des amateurs s’apprêtant à assister à un combat de boxe. À ceci près qu’ils ont un casque sur les oreilles. Pendant plus d’une heure,ils vont assister à une pièce d’un nouveau genre : Europe Connexion. Grâce à un ingénieux système de spatialisation du son, le spectateur est plongé au cœur de l’action.

« Tu aurais pu mettre ton intelligence dans des causes plus nobles, tu aurais pu faire de la recherche, tu aurais pu écrire des bouquins, tu aurais pu éclairer le monde, mais tout cela ne t’aurait pas donné tout ce pouvoir. Tu veux conduire. Tu veux conduire le monde par procuration. Tu aimes être le cerveau pervers de la machine qui tourne. Ce n’est pas que l’argent, c’est la soif de puissance. Tu veux être dans la loge des plus grands. »

Le décor est planté. « Cette pièce raconte l’histoire d’un assistant parlementaire, qui devient lobbyiste dans le monde des pesticides, explique Matthieu Roy, metteur en scène. Le spectateur suit son parcours de son apogée à son burn-out. » Née d’une collaboration inédite entre la Compagnie du Veilleur, l’université de Poitiers et le Taïwan Arts Festival, Europe Connexion se veut internationale. La pièce mêle en effet français, anglais et chinois. « J’ai voulu montrer comment une décision prise au Parlement européen pouvait avoir des conséquences dans le monde entier », indique l’auteure, Alexandra Badea.

Trois mois de tournée en Asie

Après plus d’un mois de résidence à la Maison des étudiants, l’équipe constituée d’une quinzaine de personnes, dont quatre acteurs (deux Français, deux Chinois), se produira, ce soir, pour présenter l’état d’avancement de la pièce. « Les répétitions publiques nous permettent de réajuster certains détails et de demander aux spectateurs comment ils interprètent certaines scènes, reprend Matthieu Roy. C’est aussi un moyen pour nous de récupérer de la matière sonore. Ce soir, à l’occasion de la sortie de résidence, nous demanderons au public d’applaudir massivement pour réutiliser ce son dans la pièce. »

S’ensuivront trois mois de tournée en Asie, avant un retour en France, en janvier 2017, et cinq nouvelles dates à la Maison des étudiants, du 6 au 10 février. « C’est la première fois que l’université de Poitiers soutient un tel projet. Il y a un réel engagement de sa part, notamment sur le plan financier. Sans elle, rien n’aurait pu se faire. »

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