Sociétés de nettoyage : l'économie de la propreté bouleversée

Les sociétés de nettoyage ont subi la fermeture brutale de leurs clientes, les entreprises, avant d’accompagner leur réouverture. En quelques semaines, elles sont passées du froid au chaud.

Claire Brugier

Le7.info

Les agents de nettoyage sont rarement cités. Pourtant ils sont restés sur le front du Covid pendant toute la durée du confinement, en s’adaptant aux demandes des rares entreprises restées ouvertes. Du jour au lendemain, les sociétés de nettoyage et d’entretien ont en effet perdu entre 70 et 75% de leurs clients.
Puis, progressivement, à partir d’avril et avec un pic de décontamination juste avant le déconfinement, l’activité a repris, mais différemment, et pas seulement à cause de l’omniprésence des masques, gants ou gel hydroal- coolique. « Avant, nous faisions du dépoussiérage des bureaux. Aujourd’hui, nous faisons de la désinfection », commentent, sans aucune concertation, la gérante de GSF Vesna Radl, à Chasseneuil-sur-Poitou, et la res- ponsable d’exploitation de Lostis Propreté Delphine Bernard, à Châtellerault.
De fait, les protocoles sanitaires ont changé. Ils imposent des virucides anti-Covid, préconisent d’insister sur les points de contact (poignées, boutons, sanitaires, vestiaires, etc.) et ont souvent modifié la fréquence des in- terventions. « Désormais il est fréquent que ce soit les salariés eux-mêmes qui nettoient leur poste de travail et nous intervenons sur les points de contact, les sols, les sanitaires », constate Delphine Bernard. « Dans cer- taines grandes surfaces par exemple, on nous demande une présence en continu pour nettoyer les points de contact et les sanitaires », souligne Vesna Radl. « Là où nous intervenions une fois par semaine, on passe parfois deux fois par jour. Notamment, avec la reprise du secteur du BTP, dans les cabanes et bungalows de chantier, renchérit Jean-Yves Bernard, gérant de Danicott Propreté, à Chasseneuil-du-Poitou. Avant, cela occupait un salarié à 30 heures, aujourd’hui ils sont trois à 35 heures. »

Une activité croissante

Fini donc le chômage partiel, ou à très faible dose. Reste le casse- tête des plannings avec, selon Delphine Bernard, « de plus en plus de chantiers le samedi ». Les sociétés de nettoyage s’adaptent. Elles ont recom- mencé à faire appel à l’intérim, pour répondre de façon réactive à leurs clients habituels et aux nouveaux. « Ce qui est perdu est perdu. J’avais fait +20% de chiffre d’affaires en janvier, +15% en février, cela aurait été une super année. Je fais -3% sur le premier trimestre, regrette Jean-Yves Bernard mais, tempère-t-il aussi- tôt, « aujourd’hui on croule sous les devis ». « L’accroissement d’activité est aussi dû à des chan- tiers que l’on n’a pas pu mener pendant le déconfinement », constate Delphine Bernard, citant en exemples « le nettoyage de maisons vides ou, chez les particuliers, de vérandas ».
Alors certes, tout cela ne rattrapera pas les pertes des mois précédents mais ce regain d’activité rassure les professionnels, contraints parallèlement de faire face à des dépenses inédites de masques, gel et autres matériels. Certains ont choisi de répercuter ce coût supplémentaire sur les devis, d’autres non, sauf demande très spécifique. Pour tous, l’essentiel reste de rassurer leurs clients en s’appuyant sur une sorte de pédagogie du protocole sanitaire car, rappelle Delphine Bernard, « les gestes barrières, dans notre profession, on les fait au quotidien ».

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