Génération lanceurs d'alerte

Les étudiants en Master 2 Droit de la Santé de l’université de Poitiers organisent, demain, une journée d’études sur le thème du médicament à l’épreuve des scandales sanitaires. À cette occasion, avocats, pharmaciens et médecins seront invités à témoigner au côté des lanceuses d’alerte Irène Frachon et Marine Martin, à l’origine des révélations sur le Médiator et la Dépakine.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Leurs noms ont fait la Une des journaux des mois durant. Irène Frachon et Marine Martin ont quitté l’anonymat pour se lancer dans une lutte acharnée contre les laboratoires pharmaceutiques. La première, médecin pneumologue à Brest (qui a inspiré le film « La fille de Brest ») est à l’origine du scandale du Médiator. Muée dans un rôle de lanceuse d’alerte, elle a révélé, en 2010, l’une des plus importantes affaires sanitaires du XXIe siècle. Et inspiré la seconde qui, à son tour, a pris les armes contre Sanofi dans l’affaire dite de la Dépakine. Avant elles, jamais un « citoyen lambda » n’avait osé se mesurer aux géants de l’industrie pharmaceutique.

Invitées par les étudiants en Master 2 Droit de la Santé de l’université de Poitiers à s’exprimer sur le thème du médicament à l’épreuve des scandales sanitaires, les deux femmes seront présentes à la fac de droit, demain, dans le cadre d’une journée d’études. L’objectif des organisateurs de cette journée est très clair. « Nous voulons créer un débat entre les différents intervenants, sans prendre position, expliquent-ils. Les scandales sanitaires font partie intégrante de l’actualité et les témoignages des deux lanceuses d’alerte devraient susciter des réactions. »

« Faire changer le regard des gens »

Susciter une réaction, c’est d’ailleurs ce qu’a voulu faire Marine Martin lorsqu’elle est allée taper à la porte des médias. « C’est en cherchant sur Internet que je me suis rendu compte qu’il y avait un lien entre les malformations de mon fils Nathan et le traitement à la Dépakine pris pendant ma grossesse. J’ai fait le choix de me lancer dans une long combat judiciaire contre Sanofi et de créer l’Association des  parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant (Apesac), qui accompagne aujourd’hui 3 500 familles. » Relayée par les journaux, chaînes de télévision et radios de la France entière, sa démarche lui a permis de tisser un « maillage territorial important pour (se) protéger des pressions du laboratoire ».

Comme Irène Frachon avant elle avec le Médiator, Marine Martin a remporté le bras fer en obtenant que  les victimes de la Dépakine soient indemnisées. Elle attend désormais « que le laboratoire soit durement condamné ». « Nous verser des indemnités leur importe peu, ils sont plus que riches. Si nous arrivons à attaquer leur image, en revanche, nous aurons gagné la bataille. » Comme des dizaines de fois depuis cinq ans, Marine Martin racontera demain son histoire dans le détail. Pour « faire changer le regard des gens » et surtout montrer que dénoncer de tels scandales « est possible ».

 

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