Trop peu de candidats aux premiers secours

Le confinement a marqué un coup d’arrêt forcé dans les formations aux premiers secours, largement supportées par le monde associatif. La Vienne et plus largement la France sont encore loin de l’objectif de 80% de la population formée en 2022.

Claire Brugier

Le7.info

Position latérale de sécurité, bouche-à-bouche... Tout le monde a quelques images en tête à l’évocation des gestes de premiers secours mais, dans les faits, seul un cinquième de la population française a franchi le pas du PSC1, le diplôme de Prévention et de secours civiques, contre 95% en Norvège ou encore 80% en Autriche. Et hormis quelques sursauts ponctuels liés à des faits divers comme les attentats de 2015, les chiffres sont plutôt stables. On est donc encore loin des 80% souhaités par le Président de la République à l’horizon 2022. 

Dans la Vienne, la formation, dès 10 ans, est très largement portée par des associations et le Syndicat départemental d’incendie et de secours (Sdis). La Protection civile forme entre 220 et 280 stagiaires par an, la Croix-Rouge autour de 300, les sapeurs-pompiers 1 242 l’an dernier... Le programme est le même partout, sept heures pour apprendre comment alerter, faire face à une obs- truction des voies aériennes, une hémorragie interne, un arrêt cardiaque, une brûlure... 

Le fameux bouche-à-bouche a disparu de la liste, il n’est pas le seul. 

Des techniques qui évoluent

«Entre il y a quinze ans et aujourd’hui, la formation n’est plus tout à fait la même. Les techniques évoluent en fonc- tion des études scientifiques mais aussi de l’actualité, confirme Xavier Ehrhart, directeur départemental de l’urgence et du secourisme à la Croix-Rouge. Ainsi par exemple, après les attentats de 2015, on a réintroduit des techniques comme le garrot. » Difficile également, en pleine crise sanitaire, de faire l’impasse sur « quelques notions pour éviter la transmission du coronavirus ». Pour le même tarif (60€), la Croix-Rouge y consacre même une huitième heure « d’initiation à la réduction des risques » et propose à tous ses stagiaires du PSC1 des remises à niveau gratuite. Mais rien d’obligatoire. Le PSC1 est valable à vie et il n’existe pas de PSC2. 

Les promotions entières d’élèves de 3e, tous censés être détenteurs du diplôme, sont donc la garantie à terme qu’une large part de la population sera formée aux premiers secours. A l’heure actuelle, il s’agit d’un vœu pieu, souvent par manque de bénévoles dans les établissements. A défaut, la Protection civile, en partenariat avec Maif Prévention, y dispense les gestes qui sauvent (deux heures). « Nous intervenons auprès de 1 200 élèves de 3e par an, confie Alexandra Lafitte, la directrice de la formation. Nous intervenons également à l’Inspé. » Depuis huit ans en effet, tous les futurs enseignant qui passent par l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation -et eux seuls- ont l’obligation du PSC1. Comme les services civiques, maîtres-nageurs sauveteurs, chauffeurs de taxi... 

Quant aux candidats sans impératif professionnel, « ce sont surtout des familles, des personnes qui ont vécu un accident, comme un ma- laise cardiaque ou un AVC », constate Alexandra Lafitte. « Des personnes qui se sont retrouvées dans une situation dans laquelle ils n’ont pas su quoi faire », complète Pascal Nicolleau, référent secourisme au Sdis. Toutefois, « depuis quelques années, nous constatons lors de nos interventions davantage de personnes qui savent faire les gestes seuls ou qui les font si on les guide, constate Pascal Nicolleau. Nous formons donc nos opérateurs à diriger les gens par téléphone, pour garder la victime en vie jusqu’à notre arrivée. » 

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