Dans l’œil des enseignants

Première étape après la rentrée, apprécier le niveau des élèves. Les enseignants sont rôdés à l’exercice. L’observation est la clé. Chacun a sa méthode que les tests d’évaluation standardisés du ministère viennent parfois perturber.

Romain Mudrak

Le7.info

L’heure du diagnostic a sonné. En cette rentrée marquée par la Covid-19, certains élèves ne sont pas venus à l’école depuis cinq mois et demi. La majorité l’a fréquentée à temps partiel après le confinement. Face à cette situation, les enseignants doivent démontrer toute l’étendue de leur talent pour repérer les difficultés de chacun. En maternelle, tout dépend de l’âge, note Stéphanie Barrau, déléguée départementale de l’AGEEM86 : « Avant 4 ans, les apprentissages sont très instables. Mais ensuite, j’observe beaucoup comment l’enfant tient son outil scripteur par exemple. » L’observation, c’est la clé de l’adaptation des enseignants. « Dans les quinze premiers jours, tout est testé de manière informelle : les matières, la compréhension des consignes, la prise de parole... », assure Mathieu qui a des CE1 en Réseau d’éducation prioritaire (REP). Sans oublier la concertation. « En fin d’année dernière, j’ai discuté de tous les élèves avec mes trois collègues de CP afin de connaître les points de réussite sur lesquels m’appuyer et les autres auxquels je dois faire attention. Ensuite j’adapte les exercices mais aussi ma présence. Je repère ceux qui peuvent rester davantage en autonomie que d’autres. » On y pense moins mais le maître doit d’ailleurs être en mesure d’alimenter ceux qui vont plus vite.

Tests standardisés

De son côté, Fabien a commencé par identifier les compétences et les difficultés de ses CM1-CM2. Comme tous les ans. « J’ai le même niveau dans la même école depuis plusieurs années, je sais ce qu’ils doivent savoir faire en arrivant. » Le travail ne change donc pas. Il s’apprête juste à relancer plus tôt que d’habitude les Activités pédagogiques complémentaires, qui se déroulent sur la pause méridienne, en lecture pour les plus fragiles. L’enseignant insiste sur la confiance qu’il est nécessaire de redonner aux élèves. Et en la matière, les évaluations et autres tests de positionnement imposés par le ministère de l’Education nationale n’obtiennent pas ses faveurs. « Elles arrivent trop tôt. Les élèves ont besoin de retrouver leurs marques avant de réinvestir leurs connaissances. On sait que très peu vont réussir, ils se retrouvent en situation d’échec directement. » D’autant que les enseignants n’utilisent pas les mêmes supports pédagogiques. Fabien aimerait simplement piocher dans cette banque de tests et les soumettre à ses élèves quand il le juge pertinent. Pour Mathieu en CE1, ces tests, « c’est une semaine de perdue parce qu’on ne peut pas enchaîner sur de nouveaux cours ». Identiques partout sur le territoire, ces évaluations constituent au mieux « un baromètre pour établir une norme nationale, mais ils ne sont pas adaptés aux différents publics d’élèves ». Et de conclure : « On connaît déjà les difficultés des élèves, c’est notre métier. »

Photo : Archives NPI

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