France Roblot : « Ce ne sera pas une déferlante »

Cheffe du service des maladies infectieuses au CHU de Poitiers, la Professeure France Roblot a présidé la semaine dernière les 21es Journées nationales d’infectiologie au palais des congrès du Futuroscope. Avec la recrudescence des cas de Covid-19 en toile de fond.

Arnault Varanne

Le7.info

Avez-vous hésité à organiser ces Journées nationales d’infectiologie en présentiel ? 
« Le rendez-vous était initialement été fixé au mois de juin et avait été reporté. Même après avoir fixé la nouvelle date, nous nous sommes interrogés avec cette question : aurons-nous besoin d’être dans nos services ou pas du 9 au 11 septembre ? Vu l’évolution du nombre d’hospitalisations, c’était encore possible d’être ici. Mais dans quinze jours, rien n’est moins sûr. »

Le nombre de cas positifs à la Covid-19 augmente dans des proportions plus importantes que les tests. Mais dans le même temps, la hausse du nombre d’hospitalisations reste très relative. Pourquoi ? 
« Les gens les plus fragiles, on sait aujourd’hui les protéger. N’empêche que, fatalement, si le nombre de cas augmente, nous aurons davantage d’hospitalisations. On peut imaginer que ce ne sera pas une déferlante, même si je n’ai pas de boule de cristal. » 

Sommes-nous dans la deuxième vague ou aux prémices ? 
« Il faut voir qu’en mars, la courbe des contaminations était une droite, sachant que nous ne prélevions pas les personnes asymptomatiques. Aujourd’hui, la courbe est plus arrondie. Pour autant, cela ne signifie pas qu’elle va redescendre. Les chiffres montrent une accélération depuis quelques jours. »

« On a appris en termes d’organisation »

Le dispositif adopté jusque-là ne semble pas produire tous ses effets... 
« Il faut des mesures très pratiques, applicables et facilement compréhensibles pour que la population y adhère. Sur le masque, par exemple, il faut des messages simples. » 

Une vingtaine d’étudiants positifs à la fac de médecine de Poitiers, cela vous inspire quoi ? 
« Ces étudiants sont à l’image de ce qui se passe dans la jeunesse. Le fait qu’ils soient en médecine démontre qu’il faut toujours marteler les messages, notamment le port du masque dans des événements privés. »

En quoi le retour d’expérience du printemps permet-il de mieux traiter les malades de la Covid-19 ? 
« La prise en charge en amont s’est beaucoup améliorée, ce qui permet d’éviter certaines hospitalisations. On a aussi beaucoup appris en termes d’organisation dans les services. »

Le monde attend avec impatience un vaccin contre le virus. La course contre-la-montre sur les cinq continents vous rend-elle optimiste ? 
« Un vaccin, il faut des mois voire des années pour le concevoir, le certifier et s’assurer de son innocuité. Ces étapes sont incompressibles. » 

Pendant ce congrès, avez-vous abordé d’autres sujets ? 
« Oui, tout à fait ! La Covid-19 n’a représenté que 20% des sessions. Mais dans les couloirs et pendant les pauses, beaucoup plus évidemment. » 

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