
Aujourd'hui
Fine lame et féru d’Histoire
Président de l’association Les Lames du Foyer, à Poitiers, Matthew Bleusse s’est pris de passion pour les arts martiaux historiques européens (AMHE), avec toute la rigueur historique que cela requiert.
Quatre jours après l’assassinat de Samuel Paty, un collègue enseignant de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), Jules Aimé se dit toujours
« sidéré ». « Mais pas si étonné, s’empresse-t-il de préciser. C’est triste à dire mais, un jour ou l’autre, un enseignant devait payer un tel tribut. » Reste que le professeur d’histoire-géographie du collège France-Bloch-Sérazin, à Poitiers, n’imaginait pas ce scénario, une telle barbarie… « Heureusement qu’il y a les vacances scolaires, car beaucoup de collègues ne seraient pas en état de reprendre. Nous sommes très touchés. Ce qui a été visé, ce n’est pas seulement la liberté d’expression, c’est l’enseignant. »
Il était du rassemblement de lundi, sur le parvis de la mairie de Poitiers, parmi collègues, élèves et parents d’élèves. La veille, 1 500 personnes avaient déjà rendu hommage à Samuel Paty au pied du lycée Victor-Hugo. D’autres rassemblements ont également eu lieu à Buxerolles, Châtellerault… Dans la Vienne, c’est l’onde de choc. Le drame de Conflans-Sainte-Honorine est venu raviver le douloureux souvenir des attentats de Charlie Hebdo. Dans la foule, les panneaux avec l’inscription « Je suis Samuel » font aujourd’hui écho au célèbre « Je suis Charlie » de 2015. Tout un symbole.
Devant l’émotion suscitée dans le département, le rectorat veut avant tout « rassurer ».
Et rappelle qu’une cellule
« Valeurs de la République », composée d’un proviseur vie scolaire, de référents laïcité et citoyenneté, de juristes, est mise à la disposition des personnels pour signaler, anonymement, tout acte à caractère raciste ou antisémite. En cas de suspicion de radicalisation d’un élève, le rectorat doit faire un signalement auprès de la préfecture. « L’académie est très, très peu concernée par ces faits », précise le service communication.
Dans ce qui a été dit par le procureur de la République des Yvelines des enseignements de Samuel Paty, Jules Aimé a retrouvé « sensiblement la même manière » qu’il utilise pour amener le sujet de la liberté d’expression en classe « de manière progressive ». « Mais avec moins de précautions que lui. » D’où une certaine indignation quant au manque de soutien dont aurait souffert l’enseignant assassiné. « On est en vase clos dans nos salles, bien seuls face à ce genre de situation. Et la hiérarchie est bien souvent démunie. »
Jules Aimé confie avoir déjà été confronté à des « questionnements d’élèves », sans que cela n’aille plus loin. « On est en première ligne face à ce genre d’intégrisme, explique-t-il. Nous ne sommes pas si nombreux à inculquer les valeurs de la République. Je rejoins l’idée que nous sommes des soldats, comme les hussards noirs sous la IIIe République. » L’enseignant assure préparer la rentrée sans plus de crainte. Même si rien ne sera plus comme avant. « Je ne pourrai plus aborder le sujet sans penser à Samuel Paty. Je pense apporter quelque chose en classe à sa mémoire, on a besoin de ce symbole. »
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